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N.u.l.l.e.
12 mai 2007

Cassons du classique !

Gatsby le Magnifique
de Francis Scott Fitzgerald (1925)

traduit de l'américain par Jacques Tournier

gatsby

Le titre de ce billet n'est là que pour provoquer - non, il n'y aura pas de lynchage fitzgeraldien sur cette page (je tiens à ma vie) bien que je suis loin de crier au chef-d'oeuvre après la lecture de ce roman qui est pourtant considéré comme tel.
Alors, pourquoi est-ce que ça n'a pas fonctionné avec moi ? Question de style, sans doute. Il me fut difficile, par moment, d'accrocher à ce qui était écrit, et de voir où ça me menait. Mais (je me remets en cause), je veux bien accepter l'hypothèse suivante : je n'étais peut-être pas totalement concentrée. Ca arrive même aux meilleurs lecteurs. C'est quand même étonnant d'être déconcentrée du début à la fin d'un livre, mais soit, admettons.
Après le style, je pourrais accuser l'histoire en elle-même. Elle n'a pas dû me plaire. Les personnages m'ont plutôt semblé être des esquisses de personnages, sauf qu'ils ne m'ont pas donné envie de mieux les connaître. Leurs intrigues, amoureuses, amicales, m'ont paru surfaites; elles ne le sont peut-être pas ! Je ne corresponds tout simplement pas à la cible prévue pour ce genre de roman. Dommage ? Je ne sais pas.
Il y a malgré tout quelques instants de grâce (oui, même à mes yeux), comme : les deux premières phrases, le chapitre 5, l'ironie ambiante, quelques passages que je ne préciserai pas plus pour ne gâcher le plaisir de la lecture à ceux qui voudraient lire ce roman. A ce propos, il serait peut-être temps de dire de quoi il s'agit. Ou, alors, je me contente de citer Scott Fitzgerald himself, dans une lettre envoyée à son éditeur, le 25 août 1924 pour être précise :
"Je crois que mon roman est probablement le meilleur roman américain jamais écrit."
Modeste, non ? Pourtant, ne nous fions pas à cet excès d'orgueil, car l'écrivain, en réalité, était loin d'être aussi sûr de lui... Je n'ose pas m'aventurer sur l'histoire puisque dans une autre lettre, il précise :
"Un point très important. Prenez garde à ne rien révéler de mon intrigue dans le blabla au dos du bouquin." (24 janvier 1925)
Il continue en développant ce qui ne doit pas être raconté. Et là, je me pose une question : ces lettres font partie des documents présents dans l'édition de poche du roman. Donc on peut supposer que l'éditeur français (ou toute autre personne de son équipe, je ne sais pas qui fait ces choses-là) a lu ces lettres. Dans ce cas, pourquoi toute l'intrigue du roman est racontée sur la quatrième de couverture ? Pourquoi, avant même d'avoir ouvert le livre, je savais comment tout allait finir ? Ah ! La finesse éditoriale...
En conséquence, je n'ose rien dire sur l'histoire. Je pourrais peut-être préciser malgré tout que nous sommes dans les années 20... et que dans ces années-là, les gens vivaient, dépensaient de l'argent et aimaient. Comme aujourd'hui. Gatsby le Magnifique, c'est la vie de quelques personnes, le temps d'un été. Et ça mérite d'être lu, surtout que c'est court et que c'est un chef-d'oeuvre (sauf pour moi).
Pourtant, il y a des éclats de beauté fugitifs. En voici un, histoire de conclure élégamment :

"La sympathie humaine a des limites, et nous nous sentions soulagés de laisser s'éteindre derrière nous, avec les lumières de la ville, l'éclat de leurs affrontements dramatiques. Trente ans - promesse de dix années de solitude, d'une liste d'amis célibataires qui n'ira qu'en s'amincissant, d'une réserve d'énergie qui n'ira qu'en s'appauvrissant, de cheveux qui n'iront qu'en s'éclaircissant. Mais Jordan était à côté de moi. Contrairement à Daisy, elle était assez sage pour ne pas s'encombrer, d'âge en âge, de rêves oubliés. Quand la voiture s'est engagée sur le pont, son visage s'est posé contre mon épaule avec lassitude, et le contrecoup des trente ans s'est apaisé sous la calme pression de sa main.
Et dans le crépuscule qui nous apportait un peu de fraîcheur, nous avons roulé vers la mort."

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Commentaires
E
Oui, les rats !! Mais tu sais, c'est grâce à ce forum que je suis remontée jusqu'à ton jiaco, tu mettais l'adresse en signature, parfois... :-)<br /> <br /> Pourquoi me serais-je enfuie ?
H
Les rats de bibliothèque ? <br /> Oh, c'est loin maintenant ! :-))) <br /> Oui, j'aime vraiment ce livre, mais je peux désormais comprendre que l'on ne tombe pas à genoux devant lui. <br /> Tu m'aurais connue, il y a quelques années... Tu te serais enfuie !
E
Holly, oui, comme toi, je me méfie parfois des traductions, mais je n'ai pas d'autre moyen d'accéder aux oeuvres étrangères... Je tenterai peut-être de lire "Tendre est la nuit", alors - et je comprends bien que les destins de Francis & Zelda t'ont interpellée. Je m'y intéresserai plus tard... Merci de ton indulgence, parce que je sais que tu aimes vraiment ce texte (je le tiens d'un forum littéraire où tu as participé un temps !)<br /> <br /> Céline, oui, c'est une très bonne nouvelle !! Il n'est jamais trop tard pour rencontrer un bon livre :-)
C
Mais c'est une bonne nouvelle si tu peux redécouvrir un livre plus tard et l'aimer, non? Moi je trouve ça bien! Faut le voir comme ça! ;)
H
Rassure-toi !<br /> On a le droit de détester ce que la majorité considère comme un chef-d'oeuvre. <br /> J'ai détesté à ma première lecture. <br /> Le style de l'auteur peut vous rejeter en arrière. Je comprends cela. Il y aussi une forme de froideur et de précision à l'oeuvre dans le livre qui peut rebuter. Et méfions-nous aussi des traductions.<br /> Ensuite, j'ai compris différemment et, aujourd'hui, j'aime beaucoup ce livre. Mais je préfère Tendre est la nuit, que je chéris. <br /> Et la vie de l'auteur, de Zelda, est passionnante.
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