Il revient, et il est pas content du tout
(les mots qui suivent n'auront aucun respect pour ceux qui ignoreraient les divers événéments du 5e tome)
Comme lui, vous ne seriez pas content non plus si vous aviez passé treize ans à être un simple esprit, sans corps, tout ça parce qu'un soir d'Halloween, un petit morveux vous a défait de tous vos pouvoirs, et en survivant en plus. Il y a des enfants qui ne manquent pas d'audace. Mais Lord Voldemort is back, et croyez-moi, il n'a pas l'air commode. Il a même recontacté quelques vieux copains, histoire de faire une grande fête où ils souhaitent sacrifier quelques quidams, comme Dumbledore, Harry Potter... mais l'heure de la victoire n'a pas encore sonné, pour aucun des deux camps, parce qu'avant de gagner, il faut se battre.
Parce que je suis une inconditionnelle du sorcier à cicatrice (si vous saviez le nombre d'heures que j'ai pu passer, sur internet, à chercher infos, indices, explications...), je ne pouvais pas passer à côté du cinquième film, Harry Potter et l'Ordre du Phénix (signé David Yates).
Harry est désagréable, mais il a deux bonnes raisons à cela : le plus grand mage noir du monde des sorciers veut sa mort et en plus il entre dans l'âge épineux de l'adolescence. Ca fait beaucoup pour une seule personne; comme cela ferait beaucoup aussi pour un seul film, le caractère particulièrement renfrogné du jeune sorcier est un peu mis de côté sur grand écran. C'est qu'il faut aller à l'essentiel, organiser la résistance contre : Lord Voldemort, le Ministère de la Magie (qui nie son come-back), Dolores Ombrage (professeur de défense contre les forces du mal, accessoirement acharnée contre ses élèves, voulant réformer Poudlard et taire les rumeurs de guerre potentielle). Les adultes d'un côté (l'Ordre du Phénix, dirigé par l'immense et toujours aussi merveilleux Dumbledore), les adolescents de l'autre (l'Armée de Dumbledore est leur nom), tous s'unissent contre le mal. Bien qu'étant le plus gros tome de la saga (1031 pages en poche), ce 5e roman est moins dans l'action que les précédents, prenant le temps d'installer tous les éléments que nous retrouverons dans les opus suivants. L'humeur est sombre, les sorciers inquiets. Il n'est plus temps de rigoler, de jouer au Quidditch et de s'empiffrer de tarte à la mélasse. Non : on apprend à se défendre, à se méfier, à interpréter les rêves d'Harry (qui sont généralement de mauvais présages), à s'impliquer dans les prémisses d'une guerre qu'on estime terrible.
Puisqu'il faut bien parler du film à un moment donné, sachez que les acteurs sont extrêmement bien campés. Les jeunes grandissent et cela leur réussit plutôt bien (petit bémol : mais qui a décidé de la coiffure de Neville ?). De nouveaux personnages apparaissent, nous en retiendrons trois :
- Luna Lovegood, incarnée par une certaine Evanna Lynch. Que les choses soient claires : Luna est l'un de mes personnages préférés, dans les livres du moins. Sa folie, sa différence, sa gentillesse et ses croyances farfelues me séduisent totalement. A chaque fois qu'elle apparaissait sur l'écran, je grimaçais. La jeune fille paraît trop propre sur elle, trop... normale... Et pourtant, dès qu'elle ouvrait la bouche, j'oubliais mes doutes, trouvant ce brin de folie si délicieux. Luna Lovegood, même si je l'imaginais un peu différemment du point de vue physique est bien représentée.
- Bellatrix Lestrange est interprétée par une actrice de choix : Helena Bonham Carter. Je ne sais pas qui a eu l'idée de contacter cette femme atypique, mais ce quelqu'un a eu diablement raison. Même si sa courte présence était légèrement hystérique, cela promet le meilleur pour la suite.
- Dolores Ombrage, jouée par Imelda Staunton, est délicieuse de perfidie et de niaiserie. Des assiettes décorées de chatons ornent les murs de son bureau et, coincée dans des tailleurs rose bonbon, elle est détestablement mielleuse. Ambiguë, perverse, tête-à-claque, en trois mots : identique au livre. Parfait.
Et puisqu'il est l'un des grands personnages de ce 5e volet, parlons de Sirius Black (Gary Oldman). Au 12, square Grimmaurd, il a dû faire la découverte d'un produit aux bienfaits thérapeutiques : le shampooing. Oui, je sais, c'est très bas d'en arriver là (et j'en ai honte, croyez-moi) mais il faut que les choses soient claires - Sirius Black est sexy. Autant Harry Potter a eu les cheveux coupés court comme un york-shire après une séance de toilettage, autant Sirius Black est exempt de tout reproche. Oui, je suis ridicule.
Je ne vais pas m'étendre sur sa mort (ils ont osé !), mais... oh, si, je vais m'étendre là-dessus, ou plutôt sur toute la scène finale, au Département des Mystères. Comme le reste du film, c'est esthétiquement réussi (et donc très agréable) mais j'ai eu l'impression que les choses allaient trop vite. De fait, l'intensité de la séquence s'amoindrit, on n'a même pas le temps de verser une larme quand Sirius passe de l'autre côté du rideau... je critique, mais il reste un point culminant où l'on a la gorge nouée pour Harry Potter (je vous laisse découvrir ça par vous-mêmes).
Si je peux me permettre un minuscule reproche vestimentaire, il est un chouia décevant de voir Dudley porter du Nike et Luna Lovegood propriétaire de Converse (et encore, d'autres détails ont dû m'échapper). Bien que cette adaptation soit curieuse et superficielle, elle détient de nombreux atouts (dont Rogue, Dumbledore, Lupin, tous présents de manière éphémère, mais on ne s'en lasse pas !). Une excellente mise en bouche pour le grand événement de l'année : la sortie du septième et dernier roman...