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N.u.l.l.e.
23 août 2007

Chirurgie inesthétique

     A ciel ouvert
     de Nelly Arcan (2007)
     éditions du Seuil

- lu pour le prix du roman Fnac -
A ciel ouvert

Dans le lot des quatre romans envoyés, il en fallait bien un qui soit déplaisant d'un bout à l'autre, et ayant flairé le possible déplaisir que j'allais ressentir pendant cette lecture, j'ai pensé commencer par le pire, justement. Histoire de m'en débarrasser.
Ce doit être le plus mauvais texte que j'aie lu cette année, mais commençons par le début.

Nelly Arcan est québécoise, et passé un bref instant d'enthousiasme ("chouette ! de la littérature québécoise !"), je me suis rendu à l'évidence... ou plutôt sur un site où de valeureux lecteurs exprimaient leur avis sur l'écrivain - que je ne connaissais pas du tout, alors qu'il semblerait qu'elle ait fait un peu de bruit avec ses romans précédents, Putain (2001) et Folle (2004) (des titres qui donnent envie, pas vrai ?). Il faut dire que la jeune femme a un physique avantageux (arrangé par la chirurgie - selon les photos, ça se voit à-pei-ne) et qu'elle parle ouvertement de sexe, de prostitution, de "folie amoureuse" (entre guillemets parce que je n'ai pas vu la moindre trace d'amour dans le roman que j'ai pu lire), de femmes fatales parfaites et refaites, bref... des sujets qui font vendre. Rien que d'en parler, ça me fatigue, tiens - dire que j'ai réussi à lire son roman jusqu'au bout ! J'ai donc un peu plus de force que je ne le croyais, chic.

Parlons-en, du roman, tiens.
Alors Julie O'Brien se fait bronzer sur le toit de son immeuble, à Montréal, parce qu'elle a une peau de rousse et qu'elle veut souffrir pour être belle, d'où l'exposition au soleil qui est une torture pour elle. Attendez, ce n'est que le début. Rose Dubois monte par hasard sur le toit aussi, elle vient de s'installer en face de chez Julie, avec son petit ami le photographe Charles Nadeau, alors elles discutent chirurgie esthétique ("oh, jolis, tes seins. Ils viennent d'où ? de la même clinique que pour ta bouche ?") et puis un gros orage éclate et une barrière du toit s'effondre. Heureusement, personne n'est blessé, hé, on n'en est qu'au début du roman.
Rose a très peur que Charles tombe amoureux de Julie, alors cette gourde, parce qu'elle a beaucoup de réflexion dans son cerveau de poupée plastique, les incite justement à se voir souvent. Julie est brisée depuis que Steve l'a quittée, mais avec l'aide de l'alcool et de la drogue, elle succombe devant Charles, qui, j'ai oublié de vous le dire, a une sexualité bizarre (promis, je n'entre pas dans les détails, mais en gros, il adore tout ce qui est retouché, parce que la femme doit être belle, et elle ne l'est qu'après être passée sur le billard). Julie et Charles se mettent ensemble, Rose est très malheureuse et part se consoler dans les bras de son chirurgien adoré, qui est expert pour lui faire une bouche tellement siliconée que chaque lèvre ressemble à une banane, et bref, où j'en étais ? Julie et Charles ne sont pas heureux très longtemps, parce que Charles a une sexualité bizarre (je vous l'ai déjà dit, suivez un peu), et même avec tous ses efforts, Julie n'arrive pas à le garder dans ses filets. Elle n'est peut-être pas assez refaite, qui sait. Alors Rose réfléchit à un moyen de reconquérir son Charlounet, et quoi de mieux qu'une Nouvelle Opération de la Mort ? Elle décide de taper très fort pour le séduire, et mon dieu, je n'ose pas écrire la suite. Nelly Arcan parle de vaginoplastie mais ce n'est pas exactement ça, puisque Rose est quand même une femme, à la base... enfin, elle se fait refaire tout le sexe, histoire d'être belle et pure (ben tiens). Entre temps, ça s'est terminé entre Charles et Julie - chouette, Rose a le terrain libre.
Une grande fête est organisée sur le toit de l'immeuble (on approche de la fin, n'ayez pas peur), Julie boit beaucoup, Rose essaie de vampiriser Charles qui est tellement ébloui devant la Nouvelle Rose qu'il n'ose pas la toucher (quel dommage), alors elle n'est pas contente, elle se tape un petit scandale sur le toit, montre son nouveau joli corps (hum) à toutes les personnes présentes (...) et pendant ce temps, Charles l'Etourdi tombe du toit. Si, rappelez-vous, la barrière était cassée. Personne ne s'en rend compte, il meurt, et c'est fini.

C'était bien, hein ?
Ah oui, au fait, j'ai tout raconté. J'estime cette histoire indigne d'intérêt, vulgaire, ridicule, énervante, nulle de chez nulle, alors j'ai pensé que j'avais le droit de tout dévoiler. Ce serait dommage de mettre 20 euros là-dedans.
Je ne vais même pas faire de critique, il n'y a rien à sauver dans ce texte, même le style est épouvantable, les propos m'ont hérissé les poils (l'image de la femme est absolument folle), bref, j'ai souffert pour aller jusqu'au bout mais je l'ai fait par sens du devoir.
Histoire d'enfoncer le clou, quelques extraits :

"... et elle avait eu une autre pensée, que ce monde était une maison dont il fallait pouvoir sortir, si on voulait y rester."
(?)

"Toutes les enfances sont remplies d'événements qui arrivent."
(??)

"Son Sexe pourrait, pourquoi pas, se promener sur Internet, infiltrer la vie d'autres hommes en se mettant à la place d'autres femmes. Dans son lit aux épaisses douillettes où elle était calée, une nouvelle idée s'était formée : se donner à Charles mais aussi à tous."
(sa générosité la perdra)

"A trente ans, il était tard pour être une femme mais, quand même, pas trop tard; selon elle, elle disposait encore de cinq ans, si ce n'était pas dix, pour régner sur le désir des hommes, avant d'en ressortir, cette fois pour toujours."
(évidemment, une femme de 40 ans, ce n'est plus qu'un déchet)

J'aurais pu vous trouver des extraits bien pires, mais je ne tiens pas à recevoir des visites avec des mots-clés trop... ciblés.

Pour terminer, ce fut une belle expérience qui m'a presque lassée de la lecture, c'est pourquoi je déconseille vivement ce superbe étalage de fadaises.

(j'ai peut-être été un peu méchante ?)

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Commentaires
E
Bon, ok, alors je ne culpabilise pas d'avoir été méchante et d'avoir tout dit ! C'est vrai que ce genre de livre rend service aux LCA... c'est bien sa seule qualité ! :)<br /> Quant à la sélection Fnac, honnêtement : mystère ! C'est assez étonnant. Peut-être qu'ils n'avaient pas eux-même lu ce bouquin...?
F
je suis comme Céline, ta critique m'a fait beaucoup rire et tu as raison de tout raconter, histoire d'éviter les dépenses inutiles aux LCA que nous sommes. Et ce truc était sélectionné pour le prix FNAC ? Mais comment ils font leur sélection ?
E
Ah non, mais Beigbeder, c'est de l'humour ! (est-ce que je vais être résiliée de mon propre blog si j'avoue apprécier Beigbeder ?...)<br /> Sérieusement, ce n'est pas comparable... mais tu as raison, ils devraient bien s'entendre ! (et ce constat est quand même effrayant)
C
Je crois que Beigbeder dit un truc du même genre, comme quoi les seins refaits c'est super érotique... au même titre qu'un collier de perle me semble-t-il... (in 99F)<br /> On devrait les présenter!
E
Alors rien que pour ça, ça valait le coup que je le lise et critique ! ;-)
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