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N.u.l.l.e.
6 septembre 2007

Philo de comptoir...

Le Monde de Sophie
de Jostein Gaarder (1991)
traduit du norvégien par Hélène Hervieu et Martine Laffon

Dans un temps fort éloigné, j'avais treize ans et un grand frère (je l'ai toujours, lui, d'ailleurs). Parfois, je regardais les livres dans sa chambre, jusqu'au jour où j'en ai saisi un (Le Monde de Sophie, donc), en tentant ensuite de m'éclipser. Mais il m'avait vu, le finaud, alors j'ai eu droit à un :
"- Qu'est-ce que tu fais ?
- Rien, je te prends juste ce livre-là.
- Laisse tomber, tu comprendras rien."
J'ai voulu rétorquer que l'héroïne avait 14 ans, alors je pouvais bien comprendre ce qui lui
arrivait, mais il s'est moqué de moi. Vexée jusqu'au bout des ongles, j'ai rangé le livre et suis partie. La logique aurait été de quand même lire le roman, mais j'avais trop peur qu'il ait
raison.
Puis j'ai grandi, j'ai découvert la philo en terminale; j'avais intérêt à aimer ça, avec les
sept heures hebdomadaires... Ca s'est tellement bien passé que j'ai longtemps hésité avant de
m'inscrire en fac - lettres modernes ? philo ? - vous savez qui a gagné...
Pour en venir aux faits (l'introduction est longue parce que je n'ai rien à dire sur le livre),
Le Monde de Sophie traînait depuis des années dans ma pile en attente, exactement le genre de livre qui décore les étagères mais que je n'ouvre jamais (qui a dit "tiens, comme ton Journal d'Anne Franck !" ?!). Je me suis finalement décidée, quoi de mieux en effet que terminer ses vacances avec un livre hautement intellectuel (j'ai un peu de retard dans mes notes de lecture, faites comme si vous n'aviez rien remarqué) ?

Le Monde de Sophie, donc, fait partie de ces best-seller qui, j'en suis pratiquement convaincue, n'a été que peu lu par ses acheteurs. On ne me fera pas croire le contraire ! Ce texte comprend deux intrigues : la première est purement romanesque, ce sont les pages où l'on suit Sophie, bientôt quinze ans, qui reçoit d'étranges courriers à tendances existentielles (qui es-tu ? d'où vient le monde ? etc) puis des lettres où il est question d'histoire de la philosophie - c'est là justement qu'intervient la deuxième intrigue, puisqu'en même temps que la vie de Sophie, on suit l'évolution du monde des idées, avec les théories des grands noms de la philosophie (Socrate, Descartes, Kant, pour n'en citer que trois). Au fur et à mesure, les frontières entre le monde de Sophie et celui de ses cours philosophiques deviennent floues, entraînant le lecteur dans une aventure palpitante où la réflexion prend le pas sur la réalité...
... Ouais, non, je blague. Le contenu est plutôt long, fastidieux, ennuyeux. Ça rend certes
quelques concepts un peu plus abordables, mais la forme choisie par Jostein Gaarder est plus répétitive qu'autre chose. Je ne sais pas quoi exactement, mais il y a quelque chose de caduque dans ce roman. Le mélange fiction / histoire philosophique, la pauvreté du style, l'inintérêt de ce qui est raconté (j'y vais trop fort, d'accord) ? Bien sûr, ce n'est pas un ratage absolu; pour celui qui a envie de découvrir les grandes lignes de la philosophie, ou qui a envie de se remémorer un ou deux points, pourquoi pas... Il paraît que c'est une bonne introduction pour les élèves entrant en terminale; honnêtement, j'aurais lu ça à l'époque, j'aurais fui cet enseignement ! Ce qui aurait été bien dommage, puisque mon prof était excellent. Jostein Gaarder en est un aussi, de professeur de philo. Alors je ne peux que m'interroger : comment peut-on prétendre écrire une introduction à la philosophie, en oubliant Heidegger, Nietzsche, en cantonnant le XXe siècle à Sartre et Beauvoir ? Un peu réducteur, non ? Attention, je ne dis pas que j'ai une quelconque connaissance philosophique, j'ai juste effleuré le domaine au lycée, mais je sais qu'il existe d'excellentes façons d'en parler, de manière plus ludique, étonnante, intéressante... là, j'aurais dû compter combien de fois j'ai voulu arrêter ma
lecture.
Quant à l'intrigue liée à Sophie, j'ai trouvé que c'était un grand n'importe quoi. C'est censé
amener le lecteur à se questionner sur sa propre vie et réfléchir sur son destin, blabla, ça m'a juste admirablement énervée. C'est bizarre, mais je déteste qu'on me prenne pour une idiote. Toutefois, contrairement à d'autres best-seller qui sont juste complètement nuls, je peux comprendre que certains aient aimé, parce qu'on peut y apprendre des choses ou se poser des questions auxquelles on ne faisait pas attention jusque-là. C'est juste un livre qui n'est pas (du tout) fait pour moi.

Kalistina a ressenti les mêmes faiblesses que moi, mais elle le dit mieux (et lisez les commentaires, globalement négatifs, mais il y en a aussi des positifs bien intéressants)

ps : je ne peux pas faire comme si ce n'était pas écrit dans ce roman, la vérité doit éclater : les Norvégiens ont mauvais goût en séries télé. Jugez plutôt : "Sa mère tenta de la retenir en lui proposant de manger une pizza et de regarder Derrick, leur série policière préférée..." Ahh !!

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Commentaires
E
J'adhère to-ta-le-ment à ton résumé, Anne-Laure !! ;-)
A
Bon bin je suis ravie de constater qu'il n'y a pas que moi qui n'ai pas aimé. En résumé : je l'ai trouvé long et chiant. bisouxxx
E
Florinette, on dirait en effet que de nombreux lecteurs n'ont pas résisté à l'ennui provoqué à la lecture... :-)<br /> <br /> Céline, tu me vexes, depuis quand on parle d'Hegel aux tout-petits ? ;-) Ca me fait plaisir que tu aimes la philo, tu as très bon goût :-) (et si tu veux me conseiller des titres, n'hésite pas !)
C
Je croyais vraiment que ce livre était pour les tout petits! <br /> Moi aussi j'ai hésité entre lettres (anglaises et américaines) et philo! Ca me manque de ne plus faire de philo, même si j'essaie d'en lire par moi-même...
F
Je vois que je ne suis pas la seule à l'avoir abandonné !!!
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