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N.u.l.l.e.
18 septembre 2007

Derrière les barreaux

J'adore les associations d'idées; au départ devait paraître aujourd'hui un article qui ne viendra finalement que la semaine prochaine mais, alors que j'y réfléchissais, mes pensées ont continué à remonter le fil invisible de mes idées, pour finalement me conduire jusqu'à Rainer Maria Rilke.
D'abord, on ne se moque pas de ses prénoms, il n'y est pour rien. Ensuite, il faut me croire quand je clame ma passion pour ce poète autrichien (1875-1926). Je l'ai connu grâce au poème qui suit; c'était en cours d'allemand, on l'a étudié, décortiqué, appris par cœur. C'était à la fois simple et beau. Je pourrais dire qu'ensuite, les Lettres à un jeune poète ont eu un fort retentissement dans ma vie; ça en fait une œuvre particulière pour moi, une œuvre presqu'essentielle. Mais gardons ça pour une autre fois...
Je ne résiste pas à l'envie de vous mettre la version allemande, puis la traduction.

   Der Panther
   Im Jardin des Plantes, Paris

   Sein Blick ist vom Vorübergehn der Stäbe
   so müd geworden, dass er nichts mehr hält.
   Ihm ist, als ob es tausend Stäbe gäbe
   und hinter tausend Stäben keine Welt.

   Der weiche Gang geschmeidig starker Schritte,
   der sich im allerkleinsten Kreise dreht,
   ist wie ein Tanz von Kraft um eine Mitte,
   in der betäubt ein großer Wille steht.

   Nur manchmal schiebt der Vorhang der Pupille
   sich lautlos auf -. Dann geht ein Bild hinein,
   geht durch der Glieder angespannte Stille -
   und hört im Herzen auf zu sein.

   Rainer Maria Rilke, novembre 1902

La Panthère
Jardin des Plantes, Paris

Son regard du retour éternel des barreaux
s’est tellement lassé qu’il ne saisit plus rien.
Il ne lui semble voir que barreaux par milliers
et derrière mille barreaux, plus de monde.

La molle marche des pas flexibles et forts
qui tourne dans le cercle le plus exigu
paraît une danse de force autour d’un centre
où dort dans la torpeur un immense vouloir.

Quelquefois seulement le rideau des pupilles
sans bruit se lève. Alors une image y pénètre,
court à travers le silence tendu des membres -
et dans le cœur cesse d’être.

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Commentaires
E
On en est tous là, je crois - à contempler la longueur de notre liste des découvertes à faire en littérature... :-)
E
Oui, j'ai appris qu'il parlait français en regardant le documentaire :-).<br /> Quant à ses oeuvres, je regarderai un de ces quatre, je les mets en liste d'attente sur ma liste assez longue :-).
E
* Praline : nous avons donc suivi le même cheminement de pensées :-)<br /> Enfin, je n'ai lu que ses "Lettres à un jeune poète", mais c'est un homme qui m'est très sympathique.<br /> <br /> * Esis, c'est super ! Je n'étais pas au courant pour le documentaire (en même temps, je n'ai pas la télé, donc c'est normal que je n'en suive pas l'actualité), ça devait être très intéressant... Ne te reste plus qu'à lire Rilke, qui a même écrit des poèmes directement en français, mais ça, tu le savais peut-être déjà.
E
Coucou !<br /> <br /> Il y a peu, j'ai regardé un documentaire/reconstitution de l'amitié houleuse entre Rilke et Rodin. C'était un très beau documentaire, qui m'a donné envie de découvrir plus l'oeuvre de Rilke, dont certains vers, très beaux, ont jalonné le documentaire :-).
P
C'est amusant, j'ai étudié ce même poème en cours d'allemand et c'est lui qui m'a poussé à lire l'oeuvre de Rilke :)
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