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N.u.l.l.e.
24 septembre 2007

A eux de nous faire préférer le train

Orient-Express
de Graham Greene (1932)
traduit par Denise Clairouin

Le postulat de départ est assez simple : le temps d'un trajet dans l'Orient-Express (qui part ici de Londres et arrive à Constantinople), G. Greene s'attache au destin de quelques personnages, qui sont amenés à se côtoyer bien qu'ils viennent de différents milieux sociaux. C'est ainsi que le lecteur fait la connaissance de Myatt, un commerçant juif spécialisé dans le raisin sec et qui voyage pour affaires, Coral Musker, danseuse de revue qui part trouver un nouvel emploi, un clergyman, un écrivain au succès foudroyant, un couple (dont le mari apprécie énormément le charme de la jeune Coral), sans oublier le docteur John (dont ce n'est pas la véritable identité) et un couple de femmes (l'une d'elle est une journaliste totalement alcoolique). Tout ce beau monde cohabite, se querelle, se rapproche, pendant un voyage qui va changer la vie de beaucoup d'entre eux.

Je disais donc que l'idée de faire agir quelques personnages dans un lieu fermé n'est certes pas originale, mais c'est une thématique qui me plaît beaucoup, car elle permet toujours de mettre à nu les véritables identités de chacun, de soulever des conflits et d'observer ainsi une tranche de la population. En cela, le romancier a bien travaillé : les personnages venant de milieux très différents, on assiste à une belle peinture des mœurs de l'époque, avec notamment le Juif qui veut toujours dépenser plus pour qu'on le respecte, un rebelle communiste qui souhaite libérer son pays (la Serbie), la petite naïve qui croit que sa situation précaire n'est que passagère et qu'elle va vivre le grand amour, la journaliste minable qu'on n'envoie que sur des petits sujets, etc... Tous ces caractères posent une ambiance électrique dans le train, ce qui va évidemment avoir des répercussions sur le voyage...

Chaque partie du livre correspond à une ville où l'Orient-Express s'arrête, ce qui est aussi l'occasion de descendre virtuellement du train, et de s'intéresser à ce qui se passe dans les gares et leurs environs. Certains personnages descendent, d'autres montent. Il y a parfois des complications, des malentendus - mais le train arrivera bien à destination, offrant d'ailleurs une dernière partie où l'on suit dans Constantinople les derniers passagers.
La thématique initiale me plaisant, je partais avec un bon a priori; seulement, le roman
souffre de quelques longueurs, les questionnements des personnages étant trop ressassés et le tout manque parfois d'action. Dommage de ressentir de l'ennui avec un livre qui n'est pas si long que ça (250 pages), mais certains chapitres sont vraiment laborieux. Toutefois, les quarante dernières pages m'ont semblé apporter un souffle nouveau, ce qui m'a permis de terminer
ma lecture avec plaisir.
J'éprouve donc un sentiment mitigé, je relirai probablement Graham Greene dans ma vie, mais pas
tout de suite...

"Je suis en vie, se disait-il, car j'ai conscience de la mort comme d'une possibilité dans un proche futur; j'en ai une quasi-certitude, ils ne peuvent guère me laisser échapper cette fois, même si je me défends, moi et les autres, avec l'éloquence d'un ange." Des visages qui lui étaient familiers se levèrent à son passage, mais ils ne l'arrachèrent pas à sa méditation. "J'ai peur, se disait-il, triomphant, j'ai peur !".

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Commentaires
E
Esis, j'ai p-ê dit une connerie en parlant du rebelle... ;-)<br /> Je vérifierai ce week-end, parce que je n'ai pas le livre avec moi. Quant à Agatha Christie, dommage ! Ce livre-ci était vraiment bon :-)<br /> <br /> Rose, moi, j'ai horreur des gares. Par contre, je suis contente qu'on ait toutes les deux aimé le film de Chéreau !!
R
Si le roman est poussif comme un train retardé... je dis ça mais j'aime bien prendre le train, même pour moins loin que Constantinople. Et j'adore "ceux qui m'aiment prendront le train" !
E
Eh bien, pour le contexte historique, j'ai jeté un rapide coup d'oeil à l'histoire de la Serbie, et si je reprends ta phrase ("un rebelle communiste qui souhaite libérer son pays (la Serbie)"), je dirais que l'intrigue se passe durant la seconde guerre, lorsque la Serbie était sous domination nazie. À cette époque, Tito, futur dirigeant communiste de la Yougoslavie, résistait dans son mouvement communiste ;-).<br /> Mais ne t'inquiète pas, conformément à ta volonté, je ne t'en demanderai pas plus ;-).<br /> Ensuite, concernant Agatha Christie, ça n'est pas un auteur que je lis, car le genre de ces romans ne m'attire pas. Par contre, je prends en note le film ! Quant à moi, je n'ai pas grand connaissance concernant les arts "ferroviaires", je ne peux donc t'en dire plus, mais te remercie pour tes références ;-) !
E
* Esis, commentaire number one : les personnages sont peut-être un peu stéréotypés, mais en même temps, je suis tellement ignorante de tout, que même des stéréotypes me font découvrir de nouvelles choses :-)<br /> Sinon, je ne peux malheureusement pas t'éclairer sur le cadre historique, car je suis une grosse grosse quiche en histoire. Mais entre les deux Guerres Mondiales, je crois. Pitié, ne m'en demande pas plus ! :-)<br /> Dans la même thématique, tu as l'incontournable roman ferroviaire d'Agatha Christie, tu as aussi un film, "Ceux qui m'aiment prendront le train" (Patrice Chéreau). Tout ne se passe pas dans le train, mais c'est un film très fort.<br /> Après, moi, je prends tes conseils si tu en as à me donner :-)<br /> <br /> * Lamousmé : moi, j'ai le fantasme absolu du transsibérien :-))<br /> Et merciii pour le titre ! Pour une fois, je suis assez fière de moi ;-))<br /> <br /> * Esis, commentaire number two : "Veuillez nous excuser pour ce retard"... j'entends ça à chaque fois que je prends le train... m'énerve !!!! ;-)
E
"À eux de nous faire préférer le train.", oui, comme Lamousmé, je le trouve pas mal le titre ! <br /> C'est sûr que c'est pas la SNCF et ses grèves à répétition qui va nous faire aimer le train ;-p !!
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