Les souffrances d'une jeune violette
Pour le plus grand bonheur de Lamousmé, voici un poème de Goethe, que j'avais eu la chance d'étudier. C'était d'ailleurs très drôle, puisqu'on avait dû en faire un commentaire composé, et que j'avais été totalement hors-sujet. Je n'en garde rancune à personne, c'est dire si je suis clémente envers ma prof de l'époque, et le petit Johann Wolfgang. Pour éviter de passer une nouvelle fois à côté de l'essentiel, je ne dis rien et vous laisse lire :
La violette
Une violette dans un pré,
Anonyme, la tête penchée :
Mignonne était la violette.
S'approche alors une jeune bergère,
Humeur joyeuse, démarche légère,
Chantonnant par les prés.
Que ne suis-je, se dit la violette,
La plus belle des fleurs !
Serait-ce un tout petit peu,
Le temps que la belle me cueille
Et m'écrase contre son coeur,
Ne serait-ce qu'un petit quart d'heure !
Lorsque la jeune fille arriva,
N'eut cure de la violette,
Simplement la piétina.
Fauchée, mourante, la violette
Se réjouit encore : certes, je meurs,
Mais c'est par elle, à ses pieds.
Pauvre violette ! Mignonne était la violette.
Das Veilchen
Ein Veilchen auf der Wiese stand
Gebückt in sich und unbekannt;
Es war ein herzig's Veilchen!
Da kam ein' junge Schäferin
Mit leichtem Schritt und munterm Sinn
Die Wiese her und sang.
Ach! denkt das Veilchen, wär' ich nur
Die schönste Blume der Natur,
Ach, nur ein kleines Weilchen,
Bis mich das Liebchen abgepflückt
Und an dem Busen mattgedrückt,
Ach, nur ein Viertelstündchen lang!
Ach, aber ach, das Mädchen kam
Und nicht in Acht das Veilchen nahm,
Es trat das arme Veilchen!
Es sank und starb und freut sich noch:
"Und sterb ich denn, so sterb ich doch
Durch sie, zu ihren Füßen doch!"
Das arme Veilchen!
Es war ein herzig's Veilchen!