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N.u.l.l.e.
5 novembre 2007

"N'est stupide que la stupidité"

La Conjuration des imbéciles
de John Kennedy Toole (parution posthume, 1980)
traduction de Jean-Pierre Carasso

Cette année, j'aurai accompli de grandes choses. J'ai :
- découvert la culture des tomates, comment les aimer et les arroser
- appris à créer une bannière pour blog
- enfin lu La Conjuration des imbéciles, qui commençait à pourrir dans ma LAL.
Si c'était pas une belle année, ça, mes amis, je ne sais pas ce que c'était... Hum.
Ce livre était déjà mythique pour moi, avant même que je n'en fasse l'acquisition. Je dois cet a priori à tout le contexte qui entoure le roman - vous êtes déjà au courant de tout, mais je serais frustrée de ne pas tout répéter ici, donc : l'auteur s'est suicidé, en 1969, convaincu d'être un écrivain raté - il avait alors écrit deux romans, tous les deux refusés par les éditeurs. Sa mère, triste et opiniâtre, a refusé que l'œuvre de son fils tombe dans l'oubli; et on sait tous comme une mère peut être coriace... ses efforts ont fini par être récompensés puisque La Conjuration des imbéciles paraît en 1980. Pire encore : l'année suivante, le roman obtient le prix Pulitzer et connaît un immense succès.
Et là, je me dis : si Toole ne s'était pas suicidé, et s'il n'avait pas eu une mère aussi déterminée, bref, s'il n'y avait pas eu ce contexte spécial et atypique, ce roman n'aurait jamais eu autant de retentissement.

Justement, parlons enfin de lui. Je ne vois pas trop comment résumer la trame, parce que même si je m'appliquais, ça ne ressemblerait pas au roman en lui-même. Il y est question, tout du long, d'Ignatius J. Reilly, trentenaire obèse, immonde, célibataire, parasitant sa pauvre mère alcoolique qui, n'en pouvant plus de vivre dans des conditions précaires, demande à son fils de trouver un travail. Seulement voilà, Ignatius a un anneau pylorique très fragile, qui ne supporte aucune contrariété, or pour lui, le monde extérieur est une contrariété. Les deux marginaux sont entourés d'une bande personnages atypiques eux aussi : un policier tellement nul qu'on l'envoie surveiller les toilettes de la gare, un pauvre Noir qui travaille dans un bar infâme, le gérant d'une boîte de pantalons qui refuse d'y mettre les pieds et qui voit son affaire couler depuis des années, un jeune adolescent qui organise un trafic de photos pornos avec la patronne du bar infâme cité plus haut, etc...
Tout ce petit monde (et bien d'autres) cohabite pendant près de 500 pages, étant tous plus ou moins liés suite à des rencontres bienvenues (ou non).
Maintenant, si vous voulez avoir une petite idée de mon avis, je n'en sais strictement rien. La lecture fut très laborieuse, jusqu'à la moitié du roman; je n'étais pas intéressée du tout, mais je n'étais pas dégoûtée non plus alors j'ai continué. La deuxième partie m'a paru plus savoureuse que la première (en même temps, ce n'était pas difficile...).
L'un de mes soucis a été de détester, du début à la fin, le héros qui, comme son nom l'indique, est quand même le personnage central de l'histoire, donc il n'est pas présent que sur une dizaine de pages... Ignatius est exécrable, la préface laisse sous-entendre que, bien que le personnage soit horrible, le lecteur ne peut que s'y attacher. Ce à quoi je réponds : ah non, non, pas du tout. Ignatius passe son existence à mépriser les autres, à semer la discorde, à écrire sur des carnets des pensées qu'il croit merveilleuses, alors qu'elles sont désespérantes. J'ose espérer que Toole ne s'est pas trop identifié à ce personnage de fiction, mais cette idée n'a jamais quitté mon esprit pendant la lecture - lui ressemblait-il, même rien qu'un peu ? Ignatius s'exprime dans un style indéfinissable, mais cet air de fausse érudition m'a un peu consternée; en réalité, tout mon problème est là : je n'ai pas compris la figure centrale du roman. A partir de là, je suis à côté de la plaque pour tout le reste.
Je ne pense pas que la Conjuration des imbéciles m'ait fait sourire; je ne me suis pas amusée. Au départ, j'étais un peu gênée par tout le contexte du livre (savoir que Toole s'est suicidé parce que ce texte précis n'avait pas été accepté par les maisons d'édition me restait un peu en travers de la gorge), mais j'ai surpassé ma grande sensibilité (hum) pour me concentrer sur la belle histoire qu'il m'était donné de lire (hum hum).
Cette critique ne ressemble à rien, j'en ai conscience, mais je suis incapable de m'exprimer sur cette lecture. Il y a quelque chose dans ce roman, un petit truc qui est malgré tout accrocheur; j'ai même apprécié les 250 dernières pages, c'est dire ! Mais je ne pense pas que ce soit LE grand roman qu'on essaie de nous faire croire. Ce n'est pas mauvais; ce n'est pas excellent. Je reste tiède, et suis curieuse de connaître quelques avis réellement élogieux.

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Commentaires
E
Ne t'inquiète pas, je garderai le secret, personne n'en saura rien. A mes yeux, tu es la vraie Fantômette. La preuve, tu emploies les mêmes expressions qu'elle !
F
J'ai emprunté les milles pompons à la "vraie" Fantômette (il m'en coûte de l'avouer mais... je ne suis pas vraiment Fantômette, aaargh ! )
E
Qui sait ? Tu peux très faire partie des heureux élus qui clament au chef-d'œuvre ! Mais c'est un livre très particulier, oui. Tellement que j'ai revendu mon bouquin récemment. Encourageant, n'est-ce pas ?<br /> (et j'aime beaucoup "Mille pompons", c'est une expression dont je me servirai !)
F
Mille pompons ! Ce roman est dans ma PAL depuis un millénaire. A lire ta critique, il risque fort de s'y fossiliser...
E
De rien, Praline, j'adore rendre service !! ;-)<br /> Mais peut-être qu'il t'aurait plu, à toi... qui sait ?
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