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N.u.l.l.e.
3 avril 2008

La manie de la dernière page

Le libraire
de Régis de Sa Moreira (2004)
Livre de poche, 2006

* * *

« - C’est un scandale !... J’ai acheté ce livre il y a deux jours et il est déjà fini !
- Ce n’est pas de ma faute si vous ne savez pas lire…
- Quoi ?... Espèce de sale libraire !
- Espèce de sale client ! »

(deux enfants qui jouent au libraire et au client, dans la librairie)

Sa_Moreira Il y a des livres dont on entend tellement parler qu'on ne sait plus si on a vraiment envie de les lire, s'ils ont vraiment quelque chose à nous apporter. Il y a des livres qu'on voit partout, qui donnent envie, mais qu'on n'ose pas approcher. Est-ce que je vais aimer ? C'est pas un peu nul, ça ? Et ce succès, c'est pas un peu douteux...
Puis on finit un jour ou l'autre par les ouvrir; plein d'appréhension - en l'occurrence, c'est un petit livre alors, si je n'aime pas, la lecture se fera rapidement.
Mais j'ai aimé.
J'ai pourtant lutté ! J'étais méfiante, dubitative. Ça n'allait pas marcher avec moi. Je me trompais. Le libraire est un petit recueil d'instants de vie. Il n'y a pas de sensationnel, pas d'intrigue à proprement parler. On suit ce libraire mélancolique dans son quotidien; sa librairie n'est jamais fermée. Il boit une tisane après chaque visite d'un client. Il lit, relit; il ne vend que des livres qu'il a aimés. Il est triste. Il déchire des pages quand elles lui plaisent, et il les envoie à sa famille.
Ce libraire ne peut pas exister; d'abord, aucun libraire ni aucun bibliothécaire n'a le temps de lire sérieusement sur son lieu de travail (ce n'est une surprise pour personne, mais j'avais quand même envie de l'écrire). Ce libraire n'existe pas, et tant mieux. Qui aurait envie de rendre visite à cet homme taciturne, incapable du moindre sourire ? Ce libraire n'existe pas, mais il a quand même réussi à me charmer tout le long de ma lecture. J'ai aimé les descriptions de clients, son agacement envers les couples, le choix de la tisane en fonction de la personne qu'il a en face de lui; j'ai aimé tout ce qu'il cache, car il faut être bien malheureux pour vivre aussi reclus; j'ai aimé qu'il refuse de vendre le premier livre qui a rejoint les étagères de sa librairie. J'ai aimé cette écriture toute simple, à la fois tendre et teintée d'humour.

« Le libraire était assez mélancolique, c’est vrai, mais il s’en accommodait.
Il ne voyait pas très bien comment garder un moral d’acier au milieu de tous ces livres, de toutes ces histoires, de toutes ces pensées, de toutes ces vies. Il enviait, dans ses pires moments, les vendeurs de voitures.
Sans trop y croire. »

Mais je comprends aussi très bien les avis négatifs ou dubitatifs; c'est typiquement le genre de recueil poétique qu'on peut adorer autant que détester. Ce fut un vrai baume au cœur pour moi, une lecture faite au bon moment.

Merci - beaucoup ! - à Fashion de me l'avoir prêté...
D'ailleurs, je vous renvoie chez elle pour voir sa critique, et la liste de toutes les personnes qui ont lu ce petit texte (c'est bon, la fainéantise).

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Commentaires
E
Ah, zut ! Je m'en souviens encore, personnellement. Ca m'avait changé les idées. Mais c'est tellement subjectif, tout ça...
F
"Le libraire" de Fashion avait voyagé jusque chez moi aussi, mais son goût m'avait semblé si fade qu'il ne m'en reste presque rien. Je le regrette.
E
C'est très gentil !!<br /> Même s'il va falloir très certainement se contenter des archives... :-)
H
Oh bah moi quand je trouve un blog sympa et ou la blogueuse aime les même livres que moi je le dis !! ;)
E
Bienvenue, Héri ! Arriver et écrire un commentaire qui va dans mon sens, c'est absolument parfait !! ;-)
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