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N.u.l.l.e.
3 juin 2008

Reflets troubles

Un étranger dans le miroir / Anne Perry
(The face of a Stranger, 1990)
traduction de Roxane Azimi; 10/18, 1998

mirror J'ai beau justifier mon absence avec des révisions (qui ressemblaient plus à des visions, tout étant nouveau pour moi), je n'ai pas non plus oublié de me divertir (ma santé mentale en dépendait).
Anne Perry a écrit (et écrit toujours) plusieurs séries (policières ou non) et celle dont il est question ici tourne autour de William Monk, un inspecteur atypique, puisqu'il est devenu totalement amnésique après un accident de cab. C'est assez fâcheux, surtout que le héros décide de cacher son mal : un aveu lui ferait perdre son métier, or son supérieur est la seule personne qui soit venue le visiter pendant sa longue hospitalisation et le convalescent se raccroche désespéremment à cette branche (sans travail que deviendrait-il ?).
On le charge immédiatement d'une affaire délicate : un jeune aristocrate, ancien combattant à la guerre de Crimée, a été sauvagement assassiné à son domicile, et il n'est pas bon qu'un crime commis dans la haute société reste impuni. Seulement, qui a bien pu s'en prendre à cet homme apparemment charmant, apprécié de tous ?

Le grand intérêt de l'intrigue réside dans l'amnésie de William Monk : puisqu'il ne sait rien sur lui, sur son métier, sur son passé, le lecteur est au même niveau que lui, et découvre en même temps que lui qu'il était loin d'être aimé par ses collègues, sa logeuse et sa famille. Cela crée donc un second niveau dans le roman : Monk enquête à la fois sur le jeune assassiné et sur sa propre vie, pour finalement se rendre à l'évidence... ses deux recherches sont loin d'être étrangères l'une à l'autre, et Monk ne découvrira pas que de bonnes choses. Bien entendu, ma sagesse légendaire m'empêche de dévoiler quoi que ce soit d'important - ne me remerciez pas, c'est tout naturel (et ça m'arrange, parce que je me rappelle déjà mal de certains détails)...
Ce qu'on pourrait reprocher à ce roman est sa froideur; il est difficile de se prendre d'affection pour Monk, qui m'a paru un peu extérieur à tout ce qui lui arrive (ce qui entrave l'intérêt du lecteur) et d'un point de vue général, les personnages manquent de couleur, de profondeur. Peut-être que cela évolue dans le reste de la série ? Après tout, un premier tome sert essentiellement à présenter les différentes figures qui deviendront récurrentes, et je sais qu'hormis Monk, on retrouvera à ses côtés Hester Latterly, une infirmière au caractère effronté pour l'époque (nous sommes dans les années 1850-60, à Londres) et que Monk rencontre au fil de son enquête. La personnalité la plus intéressante est sans conteste celle de Callandra Daviot, la tante du jeune défunt : une femme qui n'hésite pas à exprimer ce qu'elle ressent, sans se préoccuper de la bienséance; et son franc-parler est une bouffée d'oxygène à chaque fois qu'elle apparaît.

Un étranger dans le miroir n'est pas sans charme, mais il m'a peu convaincue dans son style et dans sa peinture de l'Angleterre victorienne; peut-être que j'avais aussi l'esprit peu disponible pour ce genre de lecture. Je me souviens que le début de la série Pitt m'avait plus intéressée mais j'ai d'ores et déjà emprunté le second tome de cette série-ci, pour m'en faire une idée plus précise.

"Ma chère petite, imaginez-vous réellement qu'une femme qui sourit est forcément heureuse ? Personne de normalement constitué n'aime à se faire plaindre, et le meilleur moyen de l'éviter est de garder ses problèmes pour soi en arborant une mine satisfaite. Tout le monde vous croira alors aussi contente de vous que vous en avez l'air. Avant de vous apitoyer sur vous-même, jetez donc un coup d'oeil autour de vous et demandez-vous avec qui vous pourriez ou voudriez changer de place, et quels sacrifices vous seriez prête à consentir pour cela. Telle que je vous connais, vous aurez vite fait le tour." [Callandra]

Lilly, elle, a totalement succombé tandis que Caroline a un jugement beaucoup plus réservé (et je suis d'accord avec elle pour l'académisme, mais ne la rejoins pas pour le premier point fort qu'elle recense...)

Pour les curieux, voici l'ordre de publication des différents titres (il est préférable de commencer par le premier tome)

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Commentaires
E
Oui, c'est bien un des points forts du roman - et j'étais très curieuse de voir comment les fils allaient être dénoués, et les explications sont tout à fait convenables !
C
La double-intrigue est intéressante ! Si jamais ce livre croise ma route, peut-être le lirai-je alors !
E
Très juste, je trouve, de dire que les personnages sont plus rugueux dans cette série. Et tu m'encourages donc à vraiment poursuivre ma découverte de Monk, et je promets de ne pas t'en vouloir si je n'y vois pas la même humanité que toi ! C'est chouette de rencontrer Anne Perry, non ? J'ai eu cette chance-là aussi cette année, et c'était bien agréable.
M
Disons que les personnages sont peut-être moins "mignons" que dans la série des Pitt, plus diffiles et plus rugueux. Il me semble qu'Anne Perry expliquait à St-Malo que cette série était plus destinée à explorer des problèmes moraux (mais je n'ai pas noté, alors je mélange peut-être!!) <br /> Je préfère aussi Pitt, mais tu vas voir, les personnages de cette série s'humanisent!
E
* Florinette, quelle chance d'avoir acheté le bon tome ! C'est vraiment mieux de commencer par le début; et j'ai été un peu dure, ça reste un roman bien agréable. J'attendrai ton avis avec curiosité.<br /> <br /> * Arwie, ta situation est évidemment scandaleuse. Je te conseille plutôt la série Pitt, enfin, on en reparlera quand j'aurai lu la 2e aventure de Monk, mais "L'étrangleur de Cater Street" (miam), que tu m'avais d'ailleurs offert, m'avait vraiment séduite.
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