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N.u.l.l.e.
11 juin 2008

Le coeur, sensible et fidèle...

Il y a des vérités douloureuses à entendre, mais très agréables à dire, comme : je n'aime pas trop Jane Austen.
J'avais essayé il y a longtemps, je m'en souviens très bien. Je ne dis pas quel titre j'avais ouvert (et vite refermé), ou je vais en entendre quelques-unes gémir derrière leurs écrans (d'accord, d'accord : c'était Orgueil et préjugés). C'est comme ça, il y a des rencontres qui ne se font pas.
Sauf que cette année, j'étais gentiment volontaire pour
un petit défi littéraire (oui, contrairement aux apparences, ce n'est pas quelque chose que j'oublie; je prends mon temps, voilà tout) et dans ce gentil défi, je devais caser Jane Austen (la faute à Fashion, encore et toujours !). Mais vous compreniez bien que je ne pouvais pas résoudre à rouvrir Orgueil et préjugés; ma formidable résistance a quand même ses limites.
C'est donc conseillée par
Lilly que je me suis tournée vers...

Persuasion
(Jane Austen - 1818)
(dans une traduction d'André Belamich)

Jane Austen - Romans, tome 2 : Northanger Abbey - Mansfield Park - Persuasion - Les Watson - Sanditon

Lilly m'a aiguillée vers le roman le plus court de Jane Austen et rien que pour ça : merci.
M'ayant un peu mithridatisée avec ma lecture précédente (je conjugue correctement ?), un événement exceptionnel s'est produit : j'ai réussi à lire un roman de Jane Austen en entier; et croyez-moi, ce n'était pas gagné.
Mais assez de bavardages, parlons de cette terrible histoire.

Dans l'heureuse famille Elliot, nous trouvons :
- le père, baronnet de son état, qui tient précieusement à son titre puisque c'est à peu près tout ce qui lui reste (sa femme est morte; il n'a plus d'argent)
- l'aînée de ses filles, Elizabeth : belle, stupide et célibataire, elle fait la fierté du papa
- la benjamine Mary : hypocondriaque et égocentrique (elle va mal dès qu'on ne s'occupe pas d'elle, en somme), elle est l'épouse de Charles Musgrove et la mère (pas du tout) attentionnée de deux petits monstres
- et entre ces deux demoiselles, nous trouvons Anne, Anne qui n'est plus aussi jolie qu'avant, mais qui n'oublie pas d'être intelligente, prévenante, douce et célibataire.
Pour ce dernier point, elle n'est pas totalement fautive : elle a bien été fiancée, il y a huit ans, au ténébreux capitaine Wentworth, hélas cette union ne plaisait ni à sa famille, ni à sa vieille amie dévouée (Lady Russell) : en effet, l'homme était marin, et pauvre ! Que diable aller s'enticher d'un parasite pareil ?

Je vous épargne le reste de l'intrigue, excepté ceci : parce que la vie est extraordinaire et qu'elle aime s'amuser avec nos sentiments, Frederick Wentworth revient d'une de ses expéditions, toujours aussi beau, mais moins pauvre.
Et pendant deux cent pages, on voit vivre ce petit microcosme bourgeois (je ne vous ai pas fait le portrait de tous les personnages, ça n'aurait pas servi à grand-chose), microcosme bouleversé par l'arrivée de ce Wentworth, par la chute d'une jeune fille qu'il s'était imaginé épouser, et par les inévitables rebondissements de l'amour.

On sait comment cela fonctionne dans les romans de Jane Austen : elle dresse un portrait ironique (mais néanmoins attachant) d'une société qui n'a pas conscience de ses défauts, il y a toujours une héroïne (moins jolie qu'une autre fille du roman, mais tellement plus fûtée, sensible, intelligente !) qui soupire après l'amour, jusqu'à être entendue... Il y a "style austenien", une touche inimitable que reconnaît le lecteur dès qu'il ouvre un de ses romans, un charme particulier.
Comme vous pouvez le supposer, je n'ai été sensible à rien de tout ça. La lecture n'a pas non plus été ennuyeuse, non, ou j'aurais arrêté en cours de route...
Normalement, je n'ai pas non plus besoin d'une intrigue exceptionnelle pour être embarquée, la musique des mots peut me suffire, s'ils me touchent... ça n'a pas été le cas. Je suis restée totalement indifférente; et il y avait aussi cette curieuse sensation de ne pas lire un roman, mais le résumé d'une histoire. Rien n'est vraiment approfondi, j'avais l'impression que Jane Austen me décrivait une peinture, au lieu de la peindre elle-même. Incompréhensible, ce que j'écris, n'est-ce pas ?
Je n'ai pas été intéressée par ce que la romancière décrivait, je n'ai pas compati au sort des personnages, les petits rebondissements n'en étaient pas pour moi... Je suis quand même contente d'avoir laissé une seconde chance à Jane Austen, je n'ai pas perdu mon temps; je sais (c'est incroyable le nombre de "je" que contient ce billet, non ?) que les histoires sentimentales de ce genre, je les préfère mille fois en film (parce que j'avais apprécié, il y a longtemps, Raison et sentiments) qu'en livre. C'est comme ça. Il y a des rencontres qui ne se font pas.

Ceci dit, je suis la seule aigrie de la blogosphère :
Cuné, Yue-Yin et Lilly ont aimé sans réserve, écoutez-les !

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Commentaires
E
Lilly, ça me fait très plaisir de te voir par ici ! Tes conseils étaient bons, je t'assure; tu es la seule à m'avoir fait lire un Austen en entier, si ce n'est pas miraculeux, ça ! Ca m'avait fait très plaisir que tu m'aiguilles un peu.<br /> Et j'attends sagement ton retour, prends ton temps, de toute façon, on ne bouge pas, on sera là.
L
Oh, je suis doublement contente ! Tu es de retour (je sais, tout le monde ne peut pas en dire autant, même si je compte faire ça très bientôt), et en plus tu as suivi mes (mauvais) conseils ! <br /> Pour ces deux raisons je te pardonne de ne pas avoir aimé ;o)
E
* Praline, on va vraiment monter ce Club des Mitigées d'Austen !<br /> Mais tu as quand même eu le courage de lire O&P en entier, ce qui est fort honorable - et en anglais, en plus ! Donc ce n'est pas forcément une question de traduction, intéressant...<br /> <br /> * Lamousmé, tu as voulu dire quelque chose ? Tu n'aimes pas non plus Jane Austen, c'est ça ? Je m'en doutais ! ;-))
L
hannnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn voilà ce que j'ai à dire!!!!! :o))))
P
Pour répondre à Lou, j'ai lu Austen en anglais et, même si j'ai aimé l'humour de Mr Bennet, l'ensemble m'a semblé un peu fade. Je crois aussi que le fait de n'en avoir toujours entendu que du bien, de m'attendre à un chef-d'oeuvre, est trompeur. En fermant la dernière page, j'ai pensé "Ce n'est que ça"...
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