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N.u.l.l.e.
15 octobre 2008

Ces transports-là n'ont rien d'amoureux

Dans le métro, un petit garçon d'environ deux ans est entouré de ses parents. Il pourrait être mignon s'il avait une coupe de cheveux moins stupide. Sa mère le prend dans ses bras, s'approche du père, parle à l'enfant : "Vas-y, tape-le".
J'espère naïvement avoir mal entendu, mais non, la jeune maman insiste. "Tape-le". Et le petit enfant de gifler son papa, plus ou moins maladroitement, jusqu'à ce qu'on entende un grand claquement sur la joue du père. "C'est très bien !". Ça les amuse; j'ai envie de leur retirer la garde du petit.

Dans le métro, un matin aux heures d'affluence, une jeune femme monte dans la rame tant bien que mal; elle tient une boîte contre elle, où l'on peut apercevoir, grâce à un couvercle transparent, deux chatons. Les passagers qui jusque-là avaient une expression d'abattement absolu se prennent à sourire bêtement devant les deux bestioles. J'y jette un œil, forcément. Mais qu'un seul - l'un des chatons est tigré roux, et je sais que si je le regarde encore une fois, je suis capable d'arracher la boîte de la femme et partir en courant avec le petit félin. Je n'ai jamais su résister à un chat tigré roux.

Dans le métro, assise dans la dernière rame, une jeune fille s'affaire, fouille dans son sac, et ses gestes peu délicats attirent mon attention. Elle sort un petit sachet de pharmacie, exhibe sa nouvelle boîte de pilules, range une plaquette dans un boîtier adéquat. Tout le monde est au courant de ses mœurs contraceptives, et je me demande si elle n'aurait pas pu attendre d'être chez elle pour effectuer ses petits rangements.

Dans le métro, j'ai les bras chargés de courses. Une femme s'assoit sur un strapontin, et ouvre une lettre qu'elle tenait à la main. En gros caractères noirs, on lui spécifie qu'elle n'est pas la bienvenue sur le territoire français. Impossible de discuter la décision; on l'expatrie. Je la regarde; elle n'a pas l'air effrayé, ni inquiet. Il y aurait de quoi pourtant. Je la regarde et je me demande pourquoi elle - pourquoi justement elle. Je m'interroge et j'ai mal au cœur, mais on ne peut rien faire.

Dans le métro, j'en connais une qui a réussi à se coincer les cheveux dans la porte. Ne le tentez jamais : on se sent affreusement stupide. Heureusement, la rame était pleine; les gens n'ont pas fait attention à cette fille qui a joué des coudes pour rentrer dans l'espace confiné. J'ai essayé de mesurer l'ampleur des dégâts, seule une petite poignée de cheveux était coincée. En tirant négligemment, faisant mine de ramener tous mes cheveux sur mon torse, peut-être que ça marchera ?
Ça a marché.
Depuis, quand les portes se ferment, je m'en éloigne toujours d'au moins dix centimètres, et fais attention à ne pas laisser traîner mes cheveux n'importe où.

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Commentaires
E
Acr0, bienvenue ! Je te souhaite de garder le plus longtemps possible ce regard curieux sur tes compagnons de métro, même si en général, on se lasse vite...
A
Le métro est un véritable lieu de vie... Où toutes les histoires se croisent. Le fréquentant depuis peu, j'ai pourtant quelques moments tels que ceux cités en mémoire.
E
Bienvenue Balmeyer, et merci beaucoup, cet enthousiasme me fait rosir ! A bientôt, oui...
B
J'aime beaucoup aussi ! Je découvre juste juste votre blog, à très bientôt !
E
Ah, oui, je vois ça ! C'est un spectacle permanent, tes brèves sont charmantes...!
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