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N.u.l.l.e.
2 janvier 2009

Il y a l'océan...

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve que c'est une bonne idée de commencer l'année en vous présentant un beau et triste film d'amour.
J'avais déjà vu Noce blanche (de Jean-Claude Brisseau) il y a de nombreuses années. Je me souvenais simplement que Vanessa Paradis y était très pâle, et que cela finissait mal - autant dire que mes souvenirs étaient fort justes...

Noce blanche

Mathilde (Vanessa Paradis, donc) a dix-sept ans et est en classe de terminale; c'est une jeune fille visiblement perturbée, sauvage (ses camarades la connaissent peu, ou mal), une adolescente livrée à elle-même. Cela, son professeur de philosophie, François (joué par Bruno Cremer) s'en rendra compte le jour où il la raccompagnera chez elle, parce qu'elle avait eu un malaise. Mathilde vit seule, loin de sa famille (mère en permanence suicidaire, frères drogués, on peut comprendre que le climat familial soit un tantinet étouffant). Le professeur est intrigué par cette pâle demoiselle, qui ressemble à un animal blessé. Elle ne se laisse pas approcher facilement, et d'un autre côté, elle n'a qu'une envie : être apprivoisée, aimée. Elle a besoin de quelqu'un, tandis que lui mène une vie qu'on imagine monotone, avec une femme au demeurant charmante (interprétée par Ludmila Mikaël), mais qui ne le trouble plus... Comment résister au magnétisme de Mathilde, une femme-enfant qu'on a envie d'aimer et de protéger ? Comment ignorer ses tentatives de séduction ? François cède, peu à peu. Ce qui pourrait être une simple folie, un acte irréfléchi, se transforme en amour sincère, fougueux mais torturé - le contraire serait inconcevable, avec une fille comme Mathilde...
Il y a donc plusieurs raisons de grincer les dents : on a un époux infidèle; un professeur qui fréquente une de ses élèves; un homme mûr avec une mineure. Ca fait beaucoup, non ? Personne ne peut tolérer cela, mais finalement, le problème du regard extérieur n'arrive que dans la dernière partie du film, quand la passion malmène les deux personnages...

- Le spectacle des illusions des autres me fait perdre les miennes.
- Qu'est-ce que vous voulez dire par-là ?
- Vous ne trouvez pas que c'est assez clair ?
- Vous êtes quelqu'un de curieux. Il est rare de rencontrer une fille de votre âge aussi... désenchantée. J'allais dire "lucide".

93017 Le film n'avait probablement pas pour but de faire scandale; au lieu de jeter en pâture une histoire qui paraît condamnée d'avance, il met surtout en lumière l'amour qui unit Mathilde et François. Je ne dis pas pour autant que leur histoire d'amour est positive, sereine. Mathilde grandit avec des démons personnels qui la différencient des autres jeunes de son âge; ajoutez à cela qu'elle a un caractère entier, passionné... elle ne connaît pas la mesure. Elle ne se rend pas compte qu'il ne faut pas appeler François quand il est chez lui, même si elle a envie de lui dire "bonjour". Quelque part, elle refuse que les événements lui résistent. Malthilde veut vaincre. Quand elle se dévoile, on doute - est-elle sincère, joue-t-elle la comédie ? Une enfant peut-elle vivre tout cela, et tenir encore debout ? Et, que cherche-t-elle, avec François ? Seulement de l'amour, ou une protection paternelle...? Et lui... je n'aurais jamais cru dire ça un jour, mais Bruno Cremer est beau dans ce film. Il va devoir décider, passion ou raison, mais n'importe comment, il y aura souffrance, sacrifice... est-il prêt, lui le professeur de province, à changer de vie, à quitter la sécurité pour suivre ses sentiments ? Finalement, la question ne se pose pas - il reste un homme pragmatique, et décidément, un professeur ne peut pas s'enfuir avec une mineure. Il perdrait tout.
Tout le film tourne autour de trois personnages, le mari, la femme, et la jeune élève... tout doucement, un drame se noue, on ne sait pas quelle serait la bonne décision (il n'y en a pas, de toute façon). L'interprétation des acteurs est impeccable; Bruno Cremer reste presque imperturbable devant ce bouleversement personnel, tandis que les deux femmes expriment à leur manière leur chagrin et leur peur... Vanessa Paradis trouve ici son premier rôle, et elle est excessivement touchante, frêle; elle était encore très jeune à l'époque, mais elle avait déjà cette petite lueur un peu plus grave, qui fait qu'on ne peut la prendre qu'au sérieux. Noce blanche est un film pudique, et les acteurs incarnent bien cette "retenue"; ce n'est jamais vulgaire, déplacé, choquant.
La fin (qui n'est pas celle que vous croyez, elle est pire) fait mal, parce que certains sacrifices étaient inutiles. Un amour est fait pour être vécu; si on l'étouffe, on s'éteint. Comme si disparaître pouvait tuer les sentiments... mais cette pensée est risible; le silence et l'océan ne peuvent rien guérir.

Noce blanche est sorti au cinéma en 1989; il a été réalisé par Jean-Claude Brisseau et a permis à Vanessa Paradis de remporter le César du Meilleur Espoir Féminin, l'année suivante.

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Commentaires
B
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T
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E
Anjelica, tu as raison, les acteurs sont convaincants, et pour un premier film, Vanessa Paradis brille ! :-)
A
J'avais beaucoup aimé ce film et j'avais trouvé l'interprétation très juste et tout particulièrement celle de Vanessa Paradis.
E
Anachronis, je vous remercie et suis ravie que vous sortiez de votre anonymat ! Si l'histoire que j'ai présentée ne vous rebute pas, effectivement, je vous conseille vivement de voir ce beau film...
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