Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
N.u.l.l.e.
10 avril 2009

Une fille avec un prénom de gare

... ou l'allusion à Dickens (épisode 2)

Rendez-vous à Bagdad
d'Agatha Christie (1951)

traduction de Bernard Blanc

http://www.images.hachette-livre.fr/media/imgArticle/MasqueLCE/2005/9782702427576-V.jpg

« Elle n'avait guère de chances d'arriver jusque là-bas, mais ce n'était pas pour autant une raison de renoncer à son projet. »

Victoria est plus douée pour le mensonge et les histoires incroyables que pour son métier de dactylo. La preuve : elle vient d'être renvoyée. Alors qu'elle réfléchit sagement dans un parc, elle rencontre un jeune homme enjoué, Edward, et elle en tombe instantanément sous le charme. Manque de chance, le beau mâle quitte l'Angleterre dès le lendemain : il a trouvé un travail à Bagdad, auprès d'un professeur assez illuminé (il veut réunir les peuples et les élever spirituellement, tout un programme).
Parce que rien ne la retient où elle vit, et parce qu'elle fonce tête baissée dans l'aventure (réfléchir ? on verra plus tard), Victoria se débrouille pour elle aussi partir à Bagdad. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'est qu'elle allait être entraînée dans un immense complot international, y prenant même une part active...

Vous commencez à le savoir : on est entre de bonnes mains quand on lit un roman d'Agatha Christie. Il s'agit ici d'un whodunit particulièrement efficace et dépaysant; certes, la romancière m'avait déjà fait voyagé hors de l'Angleterre avec L'homme au complet marron, mais c'est encore différent avec ce Rendez-vous à Bagdad. Le cadre est tellement loin du tea o'clock que j'avais peur de ne pas y retrouver le charme d'Agatha Christie. Je devrais être punie pour ce manque de confiance ! Car cette nouvelle aventure est tout aussi captivante que celles que j'ai pu lire auparavant. L'intrépide Victoria est tellement fantasque qu'elle préfère la carte de l'action à celle de la discrétion - et elle le paiera plus d'une fois...on est amené à se méfier de tous les personnages qu'elle rencontre à Bagdad, percevant que quelque chose de trouble se prépare, sans qu'on sache réellement quoi... Puis il y a la chaleur de l'Orient, la poussière du désert qui s'immisce dans les villes, il y a tout simplement une autre culture qui facilite encore plus la perte de repères.
Victoria est hilarante lorsqu'elle est guidée par ses sentiments, à croire que cet Edward l'a totalement vampirisée (ok, celle-là, elle était facile). Leurs joutes verbales et leurs petites jalousies sont un régal permanent, et les rebondissements s'enchaînent autour d'eux - pas toujours à leur avantage, d'ailleurs, comme cette fameuse nuit où un homme décide de justement venir mourir dans la chambre de Victoria... allez trouver une explication valable à la présence d'un cadavre dans votre lit !
Je voudrais en dire le moins possible pour que le plaisir soit intact si certain(e)s d'entre vous décident de lire ce roman... Le passage qui se déroule en plein désert, pour des fouilles archéologiques, est divin - de même pour ce qui arrive à Victoria avant qu'elle n'atteigne le campement. Qu'en dire ? Il y a une telle énergie dans le texte, dans le comportement des personnages, que ça en devient contagieux pour le lecteur.
A propos, il est temps de vous expliquer la raison de mon sous-titre, avec un extrait :

« - Qu'est-ce que vous êtes en train de lire ?
- Chez vous (= sur le camp de fouilles), le choix de romans n'est pas vaste, répondit Victoria en faisant la moue. Un conte de deux villes, Orgueil et Préjugés et Le Moulin sur la Floss. J'ai commencé Un Conte de deux villes.
- Vous ne l'aviez jamais lu ?
- Jamais. J'ai toujours cru Dickens ennuyeux.
- Quelle idée !
- Et je m'aperçois qu'il est passionnant ! »

Allons bon, encore une incitation à lire Dickens. Je sens une certaine conspiration, pas vous ?

Quoi qu'il en soit, si vous avez envie de voyager, de vous divertir, de vous moquer des amours déraisonnées des jeunes filles anglaises, si vous aimez les blondes décolorées et les hôteliers qui boivent plus qu'ils ne mangent, Rendez-vous à Bagdad est fait pour vous !

Un merci incommensurable à Fashion qui m'a offert ce livre et qui ne m'incite à lire que de bons Agatha Christie !

Mo et Amanda en ont aussi parlé positivement cette année.

Publicité
Commentaires
E
Fantômette, tu m'annonces sans ménagement que Murakami a sorti un nouveau livre ! Diantre ! Tu viendras m'en parler, dis, s'il te plaît ? Ca m'intéresse...<br /> Tu as eu raison de récompenser ta quête littéraire, c'était leur faute, ils n'avaient qu'à rendre le livre disponible dès ta première visite en librairie !<br /> Pour Dickens, soupir... ce n'est pas très bien de ta part, mais soit, je te pardonne.
F
Dickens, par contre... non, pazencore.
F
Ouiiiii ! Ayé, je l'ai enfin trouvé. Ben dis donc, ça n'a pas été facile. du coup, pour me récompenser j'ai aussi pris "Meurtre au champagne". Bon il se trouve que je viens de commencer le dernier Murakami mais dès que j'ai fini "Portrait de l'auteur en coureur de fond", je retrouve Agatha.
E
Tu es ma Cuné préférée au monde ! :-) <br /> Mais alors, figure-toi que je connais très peu Dickens (seulement deux livres lus), et je sens que d'ici peu, tu le connaîtras mieux que moi ! Mais quel *bonheur* que tu aimes ! Ton commentaire suffira à me faire passer une bonne journée, tiens ;-)<br /> (et je reviens dès aujourd'hui, oui !)
C
Une nouvelle semaine débute, j'espère qu'on aura le plaisir de te lire à nouveau sur ton blog... :-D<br /> Je pense à toi sans arrêts en ce moment car je suis en plein Dickens et je savoure (comme quoi il y a un bon moment pour tout). J'en ai de plus pour un bon moment, car je me suis offert plus d'un milliers de pages dans La Pléiade... Et je ne connais rien de meilleur !<br /> (En cours La maison d'âpre-vent, chapitre XIII, c'est follement drôle en plus d'être très prenant !)
Derniers commentaires
Publicité
Publicité