Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume !
Les miscellanées de Mr Schott
de Ben Schott
un joli livre publié en 2002, traduit (et adapté) par Boris Donné, en 2005, pour les éditions Allia
Je suis sûre que si vous étiez dans le coin (je veux dire, sur Terre) il y a 3-4 ans, vous avez probablement entendu parler de ce Mr Schott. A l'époque, j'étais jeune et mince, je ne comprenais pas le principe du livre. Je me souviens l'avoir ouvert plusieurs fois en librairie, et ces informations sans queue ni tête, sans lien entre elles, me désarmaient totalement. Qu'est-ce que c'est que ce livre ? Il y a vraiment des gens qui l'achètent ?
Le temps aidant, j'ai fini par comprendre ce dont il s'agissait (avouer ouvertement mes faiblesses intellectuelles, voilà encore quelque chose que je vais regretter, tiens), et j'ai même fini - incroyable ! - par avoir envie de faire la connaissance avec ces Miscellanées. Il faut dire que c'est un mot que j'adore (miscellanées), mais soit, ça ne vous intéresse pas.
Je me demande comment on peut présenter un tel livre. Je ne sais pas si les mots qui suivent sont de l'éditeur ou du traducteur, mais qu'importe, l'ouvrage s'ouvre avec cette explication : « Impossibles à lire d'un trait mais impossibles à refermer, Les miscellanées de Mr. Schott sont une collection unique de petits riens essentiels. »
Une présentation aussi consensuelle et précise, personnellement, ça attise mon admiration. D'ailleurs, il faudra vous contenter de ces explications.
Je ne sais pas ce qui est passé dans l'esprit de Ben Schott, le jour où il a écrit sa première miscellanée; pensait-il déjà au projet ambitieux d'en faire un livre à part entière ? ou était-il simplement compulsif et avide de listes, au point de répertorier des informations profondément hétéroclites ? (1) Qu'importe, l'ensemble est fascinant et forme une réelle mine d'or. Ben Schott répertorie les popstars prématurément décédées, les saints patrons, les phobies les plus étranges qui soient, les insultes shakespeariennes (et certaines sont particulièrement réussies), mais il aborde aussi la légende du Père Noël, les caractéristiques de la Terre, les différentes couleurs que peut prendre l'Empire State Building, ou encore les ultima verba de certaines personnalités (Oscar Wilde : « Ou ce papier-peint disparaît, ou c'est moi. »)
Ensemble foutraque et disparate, mais essentiellement délectable, ce livre divertit autant qu'il instruit; on s'amuse avec les citations du Dr Johnson (« Quiconque songe à aller au lit avant minuit est un fripon. ») ou on est surpris avec le pluriel de certains mots composés...
Evidemment, cela reste un ouvrage léger, ludique, mais le principe n'en est pas moins bon et fascinant. On se demande parfois où Ben Schott est allé chercher de telles données... je n'aurais personnellement jamais pensé à recenser les métaux de l'alchimie, mais cela ne veut pas dire que ça n'en est pas moins intéressant. Je crois que c'est un livre qui gagne effectivement à être acheté, pour y picorer quelques pages quand l'envie nous prend, quand la curiosité nous titille trop... De plus, l'apparence du livre est particulièrement soignée, la typographie très agréable... Les Miscellanées de Mr Schott est l'alliance du beau et du didactique. Qui peut y résister ?
Le titre de ce billet est un pangramme (que j'ai pioché dans le livre, évidemment). Qui sait ce qu'est un pangramme ?
(1) En réalité, un article du Guardian explique que Ben Schott envoyait des livrets informatifs à ses amis en guise de cartes de voeux, y répertoriant des données qui lui paraissaient indispensables mais peu répertoriées ailleurs.
Biblioblog, Bladelor et Ph. Didion en ont parlé.