Qui aime le chocolat ?
Charlie et la chocolaterie
de Roald Dahl (1964)
traduction d'Élisabeth Gaspar
Quiconque aime Tim Burton connaît déjà l'histoire; ceux qui ont déjà Roald Dahl aussi, d'ailleurs. Tiens tiens, ce billet commence sur les chapeaux de roue...
Hum.
Willy Wonka est le créateur de chocolat le plus réputé dans le monde; pourtant, on ne sait pas comment il travaille, ni qui aide à la confection des tablettes de chocolat (aucun ouvrier n'entre jamais dans l'usine, aucune personne n'en sort), ni comment est agencé son immense chocolaterie. Cela soulève beaucoup de questions dans la ville, et notamment dans la famille de Charlie. Justement, parlons d'eux : Charlie est fils unique, et vit avec ses parents et ses quatre grands-parents. Ils sont tellement pauvres qu'ils doivent se contenter d'une maigre soupe aux choux quand vient l'heure du dîner (et encore, les jours de chance...).
Charlie est un enfant serviable, gentil, timide. Ses yeux brillent de bonheur quand il apprend que Willy Wonka va faire visiter son usine à cinq enfants... qui devront, pour cela, trouver un ticket d'or, caché dans une tablette de chocolat. Et comme il est connu dans le monde entier, Willy Wonka, tout le monde peut participer...
C'est ainsi qu'on découvre les gagnants : Violette (en compétition permanente, d'ailleurs, ne la dérangez pas, elle essaie de remporter le record du monde de mâchage de chewing-gum), Veruca (l'enfant unique qui claque des doigts pour obtenir ce qu'elle veut), Mike (accro à la télévision), et Augustus (le goinfre obèse) trouvent des tickets d'or. Et le cinquième enfant, me direz-vous ? Charlie, évidemment. Who else ?
Les voilà donc, tous si différents les uns des autres, devant l'entrée de la chocolaterie... où ils font la connaissance du fantasque Willy Wonka - mais ce n'est qu'un début : les trésors que recèle la chocolaterie ne vont cesser de les éblouir... et de les tenter. Qui sera suffisamment bien élever pour avoir une tenue exemplaire ?
(suspense incroyable, n'est-ce pas)
Si je ne dois vous donner qu'un conseil cette année, c'est celui-ci : évitez de lire ce roman si vous avez faim, ou si vous êtes en phase de régime, cela pourrait avoir des conséquences désastreuses sur votre hygiène de vie. Car c'est clairement un livre gourmand - cela tombe bien, me direz-vous, puisque je l'ai lu dans le cadre du meilleur club de lecture au monde, qui avait pour thème cette fois-ci : la gourmandise ! Les merveilles de la chocolaterie nous sont décrites à maintes reprises : la cascade de chocolat, des glaces qui ne fondent jamais, un chewing-gum qui a les mêmes vertus qu'un repas complet, et j'en passe... C'est appétissant, alléchant, merveilleux. On m'aurait fait lire ça gamine, j'aurais eu une syncope (j'ai hérité de ma grand-mère un goût immodéré pour le sucre, figurez-vous). Ceci étant pour le côté enchanteur du livre - car évidemment, Charlie et la chocolaterie est bien plus que ça; en décrivant cinq enfants aussi différents, Roald Dahl nous dépeint des défauts qu'il juge condamnables : la gourmandise insatiable, la dépendance télévisuelle, la prétention arrogante, les caprices... Tour à tour, chaque enfant va être puni pour cause de mauvaise conduite. Incapables de se contrôler, ils se laissent tous conduire par leurs mauvais penchants, et Willy Wonka décide donc de leur donner une petite leçon, soutenu qu'il est par ses fidèles acolytes, les Oompa-Loompas (des pygmées venus de Loompaland pour œuvrer dans l'usine). Ces petits personnages se lancent dans une chanson à chaque fois qu'un enfant est pris en flagrant délit de mauvais comportement - la chanson se voulant à la fois drôle et moralisatrice...
Dans un sens, on peut trouver un certain ton consensuel au roman (les vilains enfants sont punis, et l'adorable petit Charlie est récompensé au centuple pour sa gentillesse), mais il ne manque pas non plus de piquant grâce au merveilleux Willy Wonka, qui n'hésite pas à faire ouvertement des reproches aux enfants (ce qu'aucun autre ne semble avoir fait avant lui). La structure quelque peu répétitive (le groupe entre dans une merveilleuse nouvelle salle - un enfant tombe dans le piège - les Oompa-Loompas chantent) est un peu ennuyeuse à la longue, mais je crois paradoxalement que le livre devient plus amusant au fur et à mesure de l'intrigue.
Il n'empêche que c'est clairement un livre pour un public jeune (la couverture précise : dès 9 ans... je pense même que ça peut se lire plus tôt), et qu'on sent encore plus le côté enfantin quand on a vu l'adaptation de Tim Burton. Son film est tellement loufoque, dans l'exagération permanente (que ce soit dans les couleurs, les mimiques de Johnny Depp, l'ironie...) que le roman fait presque pâle figure à côté. Willy Wonka est encore plus incisif et plus intéressant sur grand écran (il y est question de son enfance auprès d'un père dentiste absolument terrible, ce qui n'est pas évoqué dans le roman), et cela m'a un peu manqué au final. Clairement, Charlie et la chocolaterie est un livre vraiment mignon, et plein de bons sentiments.
J'ai appris, en parcourant des petits sites avant d'écrire ce billet, que Roald Dahl a été accusé de racisme pour ce livre (à cause des Oompa-Loompas, qui étaient un peu différents dans la première édition), je n'ai personnellement aucune envie de rentrer dans ce genre de polémique si ce n'est qu'en disant que les enfants (et les parents !) sont largement plus malmenés que ces petites créatures. M'enfin...
Je vous propose de lire les avis positifs de Véro, Laurence et Cuné (qui vous donnera envie d'en lire plus sur Dahl, méfiez-vous, c'est une tentatrice de premier ordre).
Et comme je vous le disais, je l'ai lu pour le club Lire et délires. Pour coller le plus possible au thème, j'ai mangé un très bon cupcake avec un chocolat chaud au caramel. On a connu pire, hein.
Choupynette a lu Le dîner de Babette (K. Blixen) et Les prunes (A. Djemaï).
Anjie n'a pas encore terminé sa lecture (faut dire que ça a l'air bizarre...) mais a quand même écrit un billet récapitulatif et qui annonce la suite de nos aventures (filez le lire !).
Bluegrey a lu Les croissants du dimanche (A. Saumont), et ça donne plutôt envie de faire un régime.
Et j'ajouterai les liens suivants quand les copines mettront en ligne leur billet (on sent un brin de pression, non ?)