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N.u.l.l.e.
14 mars 2010

C'est à vivre, pas à dire...

Vendredi soir.
Je le savais, ce soir-là, j'allais terminer le roman qui m'accompagnait depuis le début de la semaine. Terminer ce voyage vers des terres que je n'explorerai jamais moi-même, par peur et par aveuglement. Je préfère la propreté et le confort. Je ne suis pas comme cet homme, capable de déambuler dans une décharge nauséabonde où vivent des familles en attendant la mort. Capable de filmer la pauvreté, la désespérance, la générosité. Car, allez comprendre, le pauvre est plus accueillant que le riche.
Non, je ne suis pas comme cet homme, et pourtant, vendredi soir, j'ai terminé la lecture de son dernier roman en tombant amoureuse. De l'auteur, de l'acteur, du réalisateur. De l'homme malade.
Tombée amoureuse d'une sensibilité particulière.
Cher amour, de Bernard Giraudeau, est mon premier coup au cœur de l'année. Malgré les défauts, malgré les voyages en des terres qui ne m'intéressaient pas forcément.

carteduVoyage_copie

« Amouramouramouramouramour. C'est râpeux à la longue, on ne peut le dire qu'une fois. Je ne voudrais pas être comme ce peintre qui a fait des portraits à l'infini d'une femme inconnue, Amina. Il l'a peinte jusqu'à la ressemblance absolue, celle de son rêve parce que la perfection était sa faiblesse. De toute sa vie, il ne peignit que cette femme, sans jamais s'en approcher, une multitude d'esquisses, de dessins, d'huiles rousses et bleues. Il avait rêvé ce visage, ce corps élégant, ce cou qui n'en finissait pas d'être gracieux. Il la retrouva un peu dans les portraits du Fayoum, celui sculpté dans l'ébène de Néfertiti. Il crut la deviner dans les feuilles d'or des palais vénitiens. Il redessina jusqu'à l'épuisement ses lèvres soufflant le pollen safran des pastels qui se déposait sur ses cheveux. Il crut voir un jour ce visage à Florence, puis au musée du Caire. Il trouva un jour une page d'amour, une lettre blessure qui n'était pas signée. Il retrouva le bleu des yeux dans le cobalt de Fez, sur les mosaïques de Meknès. Il la peignit assise, sur les pierres de Volubilis dans la Maison du cavalier. Elle attendait le voyageur guettant son ombre allongée au coucher du soleil. Mais il n'était jamais satisfait et continua de peindre jusqu'au bout de la raison. C'est seulement à la fin de sa vie, au seuil de la mort, lorsque son amie fidèle qui l'accompagnait depuis toujours se pencha sur lui et qu'il regarda ce visage qu'il croyait connaître pour la première fois, qu'il reconnut enfin ce rêve, celui qu'il chercha toute sa vie, ailleurs, au-delà du présent des êtres. Il était là ce visage, si près, dans l'évidence de ces jours qui ne sont plus. Elle le regarda longuement et quand elle sourit, il vit que c'était une morsure. »

...

Je vous reviens bientôt, patientez encore un peu, vous n'êtes plus à dix jours près, n'est-ce pas ?

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Commentaires
M
Ne pas confondre rapidité et précipitation, sorry mister G. pour la coquille à votre nom...
M
Ouh, cette dernière phrase est intense, rien que pour elle, je me laisserai enfin tenter par B. Girodeau, ça va, je lui ai assez tourné autour à celui-là. <br /> C'est bien de te retrouver.
M
C'est gentil de me pardonner, mais j'avais une connexion, moi...<br /> Et on revient en même temps, que c'est mignon! (ou prémonitoire de quelque chose? va savoir...)
C
Oui, je l'ai écouté. Une seule fois. Je vais lui donner une 2ème chance. :D
E
* Caro[line], ça y est, tu as fait la connaissance de Benjamin Biolay ? Rien ne te plaît ?<br /> <br /> * Mélanie B, mon problème de connexion est encore plus compliqué que prévu, personnellement j'arrête d'espérer ! Mais je reviens très, très vite, c'est désormais promis !
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