Happy Friday ?
Ayant de la suite dans les idées, je vous propose aujourd'hui un billet consacré à La Dame du vendredi, un film signé Howard Hawks (dont je reparlerai dimanche, quel suspense !) et sorti en 1940.
Histoire d'évoquer l'intrigue, je veux bien vous dire qu'Hildy (Rosalind Russell) était, encore récemment, mariée à Walter Burns (Cary Grant), pour qui elle travaillait aussi comme journaliste. Mais la roue tourne, et la jeune femme est prête désormais à se remarier avec un agent d'assurance, Bruce (Ralph Bellamy). Elle décide d'annoncer cette nouvelle à son ex-mari et ex-patron, sauf que celui-ci n'a aucune envie de voir cette femme lui échapper. Parce qu'il la sait incapable de résister à un grand article, il lui parle de ce meurtrier qui doit être exécuté le lendemain, et qui pourrait être sauvé...
Si mon métier était d'écrire des jaquettes de DVD, je parlerais d'une comédie décapante, où les dialogues fusent pour le grand plaisir du spectateur. Le pire, c'est que c'est vrai. Il est impossible de s'ennuyer un seul instant, grâce à une intrigue sans cesse rebondissante et grâce à la surprenante vitalité des acteurs.
Cary Grant est prêt à tout pour récupérer son ancienne femme, et fait fi de tout scrupule... ainsi, par sa faute, le futur époux qu'est Ralph Bellamy se retrouve plusieurs fois en prison (et ce dans une seule et même journée !) pour des méfaits qu'il n'a pas commis...
La scène d'ouverture donne le ton : cela se passe dans le bureau de Cary Grant (je préfère dire Cary au lieu de Walter Burns, ça n'offusque personne ? si ? tant pis), et Rosalind (tant qu'à faire, j'applique ça à tous les acteurs) essaie d'expliquer qu'elle va se marier et quitter définitivement le journalisme. Je dis bien "essaie" car il est impossible de raconter quoi que ce soit devant Cary Grant, qui parle sans arrêt, coupe la parole, et tente de faire oublier à son interlocutrice les raisons de sa visite. Les répliques sont délectables, débordantes d'humour (ils ne devaient pas s'ennuyer, quand ils vivaient ensemble...), les deux personnages ayant le sens de la répartie. L'un provoque, et l'autre surenchérit sans cesse; et les acteurs semblent particulièrement à l'aise dans cet exercice (qu'il s'agisse des trois acteurs principaux ou des seconds rôles comme celui, tordant, du pauvre homme totalement naïf, qui veut simplement transmettre une lettre alors que le shérif et le gouverneur lui expliquent que, s'il égare cette lettre, il sera payé très cher).
Il serait difficile de décrire le jeu de Cary Grant et de Rosalind Russell tant ils sont... parfaits. Ils font preuve d'une énergie et d'un humour exemplaires (et je crois d'ailleurs que Cary Grant ne m'avait jamais autant séduite que dans ce film-ci... mais il faut préciser que je n'ai vu qu'un petit nombre de ses prestations).
La dame du vendredi s'en donne à coeur joie dans la critique de la presse à scandale (il faut voir les journalistes courir (littéralement) après les scoops !) et égratigne au passage les systèmes politique et judiciaire... Le film est ainsi très drôle, et cet humour sert justement à dénoncer quelques travers de la société (je n'ose pas trop préciser "américaine" parce qu'on retrouve les mêmes fonctionnements partout ailleurs).
C'est un film qui mérite réellement d'être revu, parce que les dialogues sont tellement foisonnants qu'on ne peut pas saisir leur entière portée en une seule fois... D'ailleurs, j'avais beau être concentrée sur mon petit écran, j'ai réussi à rater la fameuse réplique où il est question d'un certain Archie Leach - ce n'est pas grave, ça me donne une bonne raison pour revoir très rapidement ce film brillant, que je recommande à tous !
(ce film attendait depuis des mois que je le visionne, heureusement que Fashion est intervenue pour me signaler à quel point il était remarquable !)