Confusion des arguments
(j'ai toujours été nulle pour les titres)
La Confusion des sentiments (1927)
de Stefan Zweig
livre de poche, 127 pages
La Confusion des sentiments, Bruno Cantais
(oui, N.u.l.l.e. laisse une place à la peinture expérimentale)
Il m'a fallu près d'une semaine pour lire ce court roman, ce qui me fait une moyenne de 21 pages lues chaque jour. Un record, qui me rappelle comme je suis peu concentrée ces derniers temps... Et comme j'ai totalement perdu l'habitude de parler de mes lectures, mon avis risque d'être caduque - je prends le risque !
La Confusion des sentiments est une histoire d'amours. Oui, j'ai mis le dernier mot au pluriel, parce que plusieurs amours différentes se côtoient dans ces pages, amour de la littérature (notamment shakespearienne), amour-admiration d'élèves pour leur professeur, amour ambigu d'une femme et de son époux, amour perturbateur causé par la présence d'un étudiant en particulier. Amour envers les femmes, amour envers les hommes. Tout commence par une rencontre (cela commence toujours comme ça, non ?), celle d'un professeur illuminé par sa matière (la littérature anglaise) et d'un de ses étudiants, avide d'apprendre auprès de cet homme qui paraît si grand, si merveilleux. Logeant dans la même demeure, les deux hommes vont apprendre à se connaître, toujours partagés entre respect, crainte, et admiration. L'épouse du professeur est derrière la porte. Elle écoute. Elle sait. Elle est une ombre androgyne qui se déplace dans le décor, qui rit parfois, mais qui nourrit le plus souvent une rancoeur absolue à son mari. Il n'est pas beau d'avoir des penchants homosexuels (oh ! le vilain mot; Zweig parle de passion coupable, de sentiments confus - ce qui est plus joli, et moins rudimentaire).
Le narrateur-étudiant se rappelle de cette époque de sa vie alors qu'il fête ses soixante ans. Un bel âge pour raconter les plus beaux sentiments de sa vie, mais aussi les seuls à n'avoir pas été assouvis. Voyez la date d'écriture du roman - le sujet est déjà bien sulfureux en soi pour qu'on y ajoute une nouvelle dose d'immoralité.
J'avais déjà lu Zweig avant. Des romans qui m'ont plus ou moins charmée, une biographie qui m'avait convaincue. Zweig s'écoute plus qu'il ne se lit; il faut voir ses phrases, riches en adjectifs, qui pourraient être allégées mais en ce cas, ce ne serait plus du Zweig. Il faut faire attention à cette musique qui se cache derrière ses mots; moi, maladroite, inattentive, impatiente, je n'y ai pas toujours pris garde. J'ai sans doute raté quelque chose. La Confusion des sentiments est probablement un roman plus profond que je ne l'ai vu. Il mériterait une bonne lecture. J'ai l'impression, à l'instant, d'être un cochon à qui on aurait donné de la confiture.
(c'était l'instant humoristique de la critique)
Alors, je n'ai pas pu tout savourer; j'espère qu'un jour, je prendrai le temps d'écouter Zweig, d'accorder à ses textes l'importance qu'ils méritent. En attendant, je me contente d'apprécier, de trouver ça "bien", d'écrire là-dessus quelques mauvaises lignes. La jeunesse, décidément, est perdue.