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N.u.l.l.e.
3 septembre 2008

Sans parler du chat

Petites histoires avec un chat dedans (sauf une)
un livre de Véronique Papineau
Boréal, 2008
prêté par l'adorable Caro[line] un jour de grand vent (merci Caroline !)

La Recrue du mois de juillet:

Le titre du recueil en annonce la couleur; les nouvelles ont toutes ce point commun d'évoquer un chat (sauf une - c'est là qu'on voit que le titre est fichtrement bien trouvé, n'est-ce pas), sans pour autant que l'animal soit un personnage central, bien que sa présence influence souvent la vie de ses propriétaires... Le principe est amusant; écrire des nouvelles est sans doute déjà un exercice difficile, mais y ajouter une contrainte féline doit autant inspirer que paralyser.
Quoiqu'il en soit, le défi est à moitié relevé (mais je pense que les bestioles à poils ne sont pas les seules fautives de ce demi-succès).
L'ensemble du recueil est agréable et sympathique, mais si l'on prend chaque nouvelle une par une, on remarque qu'elles souffrent d'un léger manque de style, le phrasé est trop oral, trop simple, trop banal. Dommage, parce qu'il y avait parfois matière à améliorer ce défaut. Ce qui m'a chagrinée aussi, c'est le caractère redondant des histoires; à la fin, on devient presque félinophobe, surtout que les chats ont curieusement peu de consistance. Il y a aussi trop de lieux communs; le jeune couple en galère parce que l'homme a commencé à se droguer, les histoires de cœur qui finissent mal, les petits plans-drague, etc... les thématiques ne m'ont pas touchée, parce qu'elles étaient traitées trop maladroitement.
Maintenant que j'ai été bien méchante, je peux aussi évoquer ce qui m'a plu, parce que mes réserves sont finalement largement diminuées par quelques aspects positifs. Quatre nouvelles m'ont marquée :
- Garçons en mauvais état, où un jeune homme s'adresse à son frère, hospitalisé pour raisons psychiatriques. Cette voix masculine (rare dans le recueil, où la narration est essentiellement féminine), à la fois pudique et sensible, exprime un amour fraternel réellement émouvant.
- Extra vierge, dont le titre m'a d'abord gentiment rebutée, est l'histoire d'une jeune fille qui a pour ordre de ne surtout pas grossir (afin d'entrer dans sa tenue de mariage) mais à cause d'une bouteille d'huile d'olive (extra vierge, donc), rien ne se passera comme prévu... La chute était peut-être convenue mais ça m'a plu quand même, c'est triste et cruel à la fois, mais raconté avec une certaine dose d'humour.
- Sauf une. Comme vous avez compris le concept, il n'y a pas de chat dans cette nouvelle, mais son absence est compensée par une demoiselle décomposée par un grand chagrin d'amour. Les quelques lignes en bas de ce billet sont extraites de cette nouvelle.
- Pas d'espoir pour les bizarres - où l'on retrouve, avec bonheur et surprise, les deux Garçons en mauvais état ! sans doute la nouvelle la plus émouvante, avec un retournement inattendu qui serre le ventre. Ces deux garçons-là, on a envie de les connaître et de les aider.
Dans sa globalité, ce recueil est attachant, et prometteur. Ses qualités me font un peu oublier le reste, surtout que ça a été une véritable bouffée d'air frais que de lire une nouvelle chaque soir, cet été (j'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser aux classiques que j'avais emmenés...). Un agréable moment de détente, en somme.

« Je lui ai souri, du mieux que je pouvais. C'était forcé et je savais qu'il s'en rendait compte. Il a dit quelque chose pour me faire rire. Mais en y repensant, c'était pour me consoler.
Sur le coup, j'ai décidé, pour me réconforter, de lui donner quelques années, d'être très, très, très patiente. Peut-être que l'espoir, ça ne sert pas à faire changer les situations, mais ça aide à moins souffrir. Sans lui, il me semblait que n'importe quel amoureux était un prix de consolation. Tout en attendant serait pour passer le temps. »

Le billet de Caro[line] ainsi que celui (récapitulatif) de La Recrue et, enfin, celui de Joëlle !

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Commentaires
E
Mais... avec plaisir !
C
Merci pour cette note !
E
Ah mais heureusement que tu es là pour débarquer quand la guerre est finie ( ;-) ), je n'avais même pas vu le dernier commentaire d'Esis ! Quelle bloggueuse ingrate, j'te jure...<br /> <br /> Donc :<br /> <br /> * Esis, je crois qu'on apprend à connaître ce qui peut nous plaire (ou non), il y a évidemment toujours des ratés (et des surprises) mais plus on lit, plus on affine nos goûts... Si tu es inscrite en bibliothèque, ça limite la casse (= si le livre ne te plaît pas, pas grave, tu ne l'as pas acheté et as moins de remord à l'abandonner) et tu peux fureter dans les rayons à la recherche du Bon Livre... <br /> <br /> * Caro, allons, je n'ai rien dit d'extraordinaire ! C'est Esis qui a le talent d'élever le débat, je ne fais que répondre à ses idées... :-)<br /> Puis toi aussi tu es exigeante, non mais ! ;-)
C
De rien !, dit la fille qui débarque 2 plombes après. :-)<br /> <br /> J'avoue rester bouche bée devant ton analyse... et celle d'Esis aussi... me sens toute petite tout d'un coup !<br /> <br /> (Et oui, tu es exigeante ! :-p)
E
Oui c'est indéniable, il y a encore d'excellents auteurs de nos jours, encore faut-il les dénicher dans tout cet amas informe et médiatique ! En général je déteste me tromper et piocher un mauvais livre en dépit d'une majorité d'avis argumentés positifs et convaincants, alors je ne tente rien de ce côté-là...<br /> <br /> Enfin, je prône moi aussi l'indulgence du "premier roman" en ce qui concerne le style. Cependant, cela, pour moi, ne doit pas servir d'excuse ou de circonstance atténuante à l'extrême, sinon c'est en quelque sorte laisser la porte ouverte à toutes les médiocrités...<br /> <br /> (Je vais aller répondre à ton commentaire sur mon dernier billet en date ;p .)
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