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N.u.l.l.e.
12 octobre 2009

Chaque couple possède son Genève

Parfois, si vous offrez deux fois de suite le cinéma à une personne, il se peut qu'elle vous remercie en vous offrant un livre. Ce qui est plutôt cool.

En cas de bonheur
de David Foenkinos (2005, Flammarion)
J'ai lu, 2007, 191 pages
(et une dédicace mystérieuse, "
à Claire C.", soit c'est le nom de jeune fille de sa propre femme, soit c'est Claire Castillon, Caroline, please, enquête)

[FOENKINOS_En-cas-de-bonheur.jpg]

« Il avait voulu tout bien faire; il avait préparé son costume depuis plusieurs jours, le froissant ainsi dans sa bonne intention. Il ressemblait à une valise, ce qui l'aurait rendu discret sur un quai de gare.
Son cœur battait, il était mignon, il était rabougri. »

S'il y en a encore parmi vous qui n'ont pas cédé à la pression exercée par Caro[line] concernant son auteur chouchou, je me dois de vous présenter ce roman, ce qui n'est pas chose aisée. Ça part d'un postulat tellement simple qu'il est difficile de le présenter de manière accrocheuse : Jean-Jacques et Claire sont mariés depuis huit ans; leur petite Louise, elle, en a six. Ils sont englués dans une routine qui ne leur convient plus (tout en restant assez inactifs pour améliorer tout ça). Jean-Jacques continue de rentrer chez lui trois minutes avant 20h. Le dimanche, ils déjeunent toujours d'un gigot chez les parents de Claire, déjeuner qui se termine inlassablement par une petite prune. Leur vie est chiante. Édouard, ami et collègue de Jean-Jacques, lui conseille de prendre une maîtresse. C'est ainsi que Jean-Jacques va découvrir que certaines femmes ont un « rapport aux portes des plus érotiques »; et c'est ainsi que Claire va engager un détective russe, pour suivre son mari.
Mais là, encore, je ne dis rien; puisque, dès la page 55, Claire quitte Jean-Jacques. Par gentillesse, je n'en dis pas plus.
L'intérêt de ce roman tient plus dans la présentation originale des faits, que dans les faits eux-mêmes. L'histoire est certes charmante, loufoque, un tantinet décalée, mais ce qui la porte encore plus, c'est la touche Foenkinos. J'étais déjà quasi-convaincue, d'après ce que j'avais pu lire sur la toile (et surtout chez Caro[line]) que son art de la formule avait de quoi me séduire - et je n'avais pas tort. Au début, je trouvais malgré tout que ça faisait très français, qu'il y avait une distanciation personnage/lecteur qui empêchait de vraiment entrer dans l'histoire, mais petit à petit, je me suis détendue et j'ai dû cocher un nombre incroyable de passages, parce qu'ils contenaient un je-ne-sais-quoi qui faisait mouche.

« Peut-être que l'on devient séduisant au moment précis où l'idée même de séduire paraît aussi improbable que celle d'aller vivre à Toulon. »

Ce qui fait du bien, aussi, c'est que ça reste immanquablement gentil. Avant de le lire, je le rapprochais mentalement de Beigbeder (on l'aime ou on ne l'aime pas, mais ses romans sont toujours riches de petites phrases qui sortent du lot), mais leurs univers sont complètement différents (j'entends d'ici chacun des deux romanciers soupirer "Encore heureux"); Beigbeder est cynique, obsédé, drogué, là où Foenkinos est attendrissant, romantique (non, ce n'est pas un défaut), drôle mais respectueux.

« Face au corps nu de Sonia (elle s'était déshabillée très vite), il fut pris d'un bonheur aussi naïf que pendant ses premiers émois. Dans son cerveau, ce fut un ramassis syntaxique. Sujet, verbe et complément. Sonia était blonde. Sonia était belle. Sonia avait des oreilles. Tout paraissait simple. Cela faisait huit ans qu'il ne s'était pas retrouvé face au corps nu d'une nouvelle femme, huit ans qu'il n'avait pas découvert les épaules et le ventre d'une femme, les genoux et les hanches d'une femme. Il était Christophe Colomb. Le corps de Sonia, après des années de monogamie et d'appauvrissement sensuel, son Amérique. »

L'autre petit plus, dans ce roman, ce sont les notes de bas de page, écrites par l'auteur himself. C'est bien simple, au pire elles font sourire, au mieux elles font rire. L'auteur en sait aussi plus que nous sur les personnages (n'hésitant pas, de temps en temps, à évoquer un futur qu'on ne connaît pas encore : « C'était fini, mais nous reverrons Sonia encore trois fois. Et, pour tout dire, la troisième fois, ce sera dans plus de trente ans. »); on sent que Foenkinos joue avec son lecteur, l'inclut même dans son histoire.
En cas de bonheur est un roman sympathique et souriant, qui donne envie de fuir les restaurants italiens et qui nous apprend que les olives vertes participent à une ambiance non-dépressive. Essentiel, donc.

En premier, je ne peux que vous guider vers l'inévitable billet de Caro[line]. Si vous voulez continuer sur le chemin des louanges, allez chez Laure, Stéphanie, Tamara, Fashion...

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Commentaires
E
* Levraoueg, c'est tout à ton honneur ! Je me souviens de ton grand attachement à David F., effectivement ;-)<br /> <br /> * Caro[line], soyons pragmatiques :<br /> 1. Il n'y a RIEN de mieux que le plus merveilleux des pique-nique du monde, c'est juste un homme pantouflard, voilà tout ;-)<br /> 2. en broché et en poche ? Même moi, avec Bauchau, je ne fais pas ça ;-))<br /> <br /> * Choupynette, oui, le dernier est séduisant ! Si tu testes un jour, tu verras, on passe un bon moment :-)<br /> <br /> * Chiffonnette, évidemment, un train ! Ca explique tout ! C'était la seule excuse valable pour se lever aussi tôt, de toute façon. J'espère que le pain était bon :)<br /> <br /> * Lilly, le début de ton commentaire m'a bien fait rire (mais si tu regardes celui de Chiff', tu verras qu'elle est aussi complètement à côté de la plaque, répondant à une question que je lui ai en fait posé dans un autre billet, résultat, elle passe pour folle aussi avec son train de 7h15 ;-D)<br /> (Chiff', tu le sais, va, toi et tes talents culinaires, je vous aime beaucoup ;-) )<br /> Foenkinos, ça reste de la lecture légère, mais pas mauvaise. Une petite bulle pour une après-midi un peu grisotte, en somme.<br /> <br /> * Caro[line], ne parle pas de Forster, rahhhhhh, Lilly m'en a offert un cet été, et devine où il dort tranquillou ? (dans ma PAL) (j'ai trop honte) (alors que je suis trop contente de ce cadeau) (je vais me punir et je reviens)
C
@ Lilly : Je te harcèlerai dès que j'aurai lu Forster ! ;-)
L
Oh, c'est marrant, moi aussi je suis en train de faire du pain ! (le truc drôle, Erzébeth, serait que tu supprimes le com de Chiffonnette pour que je passe définitivement pour une tarée)<br /> <br /> Bref, David... je n'y arrive pas. Il est mimi, mais j'ai vraiment du mal à imaginer que je puisse l'aimer (je parle de ses livres). Et comme Caro ne me harcèle pas, j'en profite pour faire ce que je veux ;o)
C
Je prenais un train à 7h15!! Bizarrement, j'ai dormi dans le train...<br /> Bref, après cette réponse à la question posée précédement, réponse d'un intér^^et abyssalement abyssale, je me retire pour aller faire du pain!
C
ah, encore une qui tombe sous le charme :) Il faudra vraiment que je finisse par le lire cet auteur! ;) Son dernier semble très bien...
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